jeudi 17 décembre 2015

Les Aventuriers de l’Art Moderne, par Amélie Harrault, Pauline Gaillard et Valérie Loiseleux

Maquette de Vincent Pianina et Lorenzo Papace, réalisateurs du générique de la série
Bohème (1900 – 1906) © Silex Films/Financière Pinau
La bande de Picasso © Silex Films/Financière Pinau
La bande de Picasso © Silex Films/Financière Pinau
Coup de cœur pour Les Aventuriers de l’Art Moderne, une somptueuse série de documentaires réalisés par Amélie Harrault, Pauline Gaillard et Valérie Loiseleux. “Mêlant documents d’archive et techniques d’animation traditionnelle (peinture sur verre, papiers découpés, encre, gouache...), Les aventuriers de l’art moderne raconte la vie intime des artistes et des intellectuels de la première moitié du XXe siècle. Par son approche audacieuse, novatrice et visuellement splendide, la série révolutionne le documentaire d’art : les peintures en mouvement, les dessins, les archives animées servent le propos, ajoutant une émotion visuelle à celle de l’histoire. Scandales, célébrations, tragédies et triomphes : sous le pinceau, le documentaire se transforme en tableau vivant. À travers ces photos animées et ces peintures mouvantes, Picasso, Apollinaire, Soutine, Breton et les autres aventuriers de l’art moderne ressuscitent, d’une manière troublante et magnifique.”
Le site Les Aventuriers de l’Art Moderne

mardi 15 décembre 2015

Pégase et Icare, Alexis Gruss et Les Farfadais

Alexis Gruss, Pégase et Icare, photographie Jacques Gavard
Pegase et Icare est un spectacle féérique et étincelant qui réjouira les petits et les grands. Il incarne l'excellence du cirque traditionnel mêlant les arts équestres et aériens. Alexis Gruss, maître écuyer de la quatrième génération d’une grande famille française d’écuyers, est avec ses enfants et petits-enfants le dépositaire et le continuateur d’un répertoire et d’un savoir-faire exceptionnel dans les arts équestres. La famille Gruss s'est associée à la compagnie Les Farfadais fondée par les frères Haffner. Cette dernière est composée d'artistes acrobates accomplissant des danses aériennes, glamour et sensuelles. Ce spectacle entre ciel et terre est une interprétation flamboyante de la mythologie liée à Pégase et Icare.

La déesse Athena, Pégase et Icare, photographie Jacques Gavard
La valse aux rubans de 6 étalons d’Alexis Gruss, synchronisée à la prestation aux tissus aériens des Farfadais,
Pégase et Icare, photographie Jacques Gavard
Extrait du dossier de presse :

“ L’an passé nous avons inauguré une nouvelle dimension dans le spectacle équestre et sa culture en nous produisant, à la faveur de nos premières Equestriades dans le prestigieux cadre du Théâtre Antique d’Orange, en totale symbiose avec une exceptionnelle compagnie d’artistes aériens, Les Farfadais. De notre rencontre est né le spectacle Pégase et Icare. Deux grandes figures de la mythologie grecque qui permettent d’évoquer, en les actualisant, les scènes mythiques d’une antiquité aux racines de notre culture. 300 000 spectateurs ont assuré le succès de cette nouvelle expression de notre art. Six générations d’écuyers Gruss symbolisent Pégase, le cheval ailé. Les Farfadais, quant à eux, comptent parmi les meilleurs acrobates aériens au monde. Ils incarnent superbement Icare, ce héros mythique doté d’ailes d’oiseaux. Quelles meilleures références pour illustrer la symbolique de ce nouveau type de spectacle, qui fait à la fois de la terre et du ciel ses lieux d’expression ? Plébiscité par les spectateurs parisiens l’hiver dernier, Pégase et Icare retrouve Paris du 17 Octobre 2015 au 6 mars 2016 au Bois de Boulogne, avant de partir en tournées à travers la France pour 22 spectacles, dans 11 Zénith, afin de diffuser plus largement sa magie, dans les meilleures conditions de confort pour des milliers de spectateurs en régions. La conquête d’un nouveau public élargi, sera, n’en doutons pas, particulièrement fertile en émotions artistiques partagées, afin que le spectacle vivant demeure au coeur de notre culture européenne ! Permettez-moi de faire mienne cette citation de Victor Hugo :
L’étude du passé et la curiosité du présent donnent l’intelligence de l’avenir.
— Alexis Gruss

www.alexis-gruss.com

vendredi 4 décembre 2015

Le musée du Louvre et Amnesty International présentent Liberté et création du 4 au 6 décembre 2015

Chéri Chérin, Parle menteurs des parties pourritiques, 2011
Exposition Beauté Congo 1926 – 2015 Congo Kitoko,
Fondation Cartier, photographie Alice Bénusiglio
“Cette collaboration inédite entre le musée du Louvre et Amnesty International France marque une volonté commune de s’engager pour la défense des droits humains et notamment la liberté de création. De nombreuses personnalités ont répondu à notre invitation pour venir débattre, nous faire partager leur expérience artistique et présenter un projet de parcours des droits humains dans les salles du Louvre. Ce week-end est organisé à l’occasion de la campagne « 10 jours pour signer », mobilisation mondiale annuelle d’Amnesty International autour de la journée internationale des droits de l’Homme, chaque 10 décembre.”

Dimanche 6 décembre à 14h, Rencontre
« Filimbi, Yen a marre, Balai citoyen : les nouveaux mouvements de jeunesse citoyens en Afrique » Avec Serge Kambale, fondateur du mouvement Lucha (RDC) et Gaétan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest pour Amnesty International. Au Sénégal, au Burkina Faso, en RDC… les autorités en place tentent de se maintenir au pouvoir : mais elles font face à des mouvements exigeant d’avantage de transparence et de démocratie. Certains militants, comme Fred Bauma et Yves Makwambala, emprisonnés en RDC, en paient le prix fort.

Des œuvres de JP Mika et Chéri Chérin seront évoquées.

Tout le programme sur http://www.louvre.fr/progtems/le-musee-du-louvre-et-amnesty-international-presentent-liberte-et-creation

mardi 17 novembre 2015

Joann Sfar, Les gagnants

Joann Sfar, dessin du vendredi 13 novembre
On se souvient du dessin datant du 7 janvier de Joann Sfar “Si Dieu existe, il ne tue pas pour un dessin”. Le dessinateur a encore su trouver le ton juste lors de cette nouvelle tragédie. Le dessin, l'art, la culture, la compréhension de l'autre et du monde sont les seules armes contre l'obscurantisme et la barbarie.

Joann Sfar 3 jours plus tard sur France Inter

vendredi 13 novembre 2015

Erwin Olaf, Waiting, à la galerie Rabouan Moussion

Erwin Olaf, Waiting, Portrait 1, La Défense, 2014 
Erwin Olaf, Waiting, La Défense 1, 2014
Erwin Olaf, Waiting, La Défense 2, 2014
Erwin Olaf, Waiting, Portrait 1, Nairobi, 2014
Erwin Olaf, Waiting, Nairobi 3, 2014
Les collectionneurs se pressent dans le magnifique nouvel espace de la galerie Rabouan Moussion pour acheter les photographies d'Erwin Olaf, le plus talentueux des photographes néerlandais. Waiting est le titre du dernier projet artistique d'Erwin Olaf associant installation, photographies et vidéos actuellement exposées à la galerie. L'exposition commence par une petite salle avec d'impressionnants autoportraits du photographe puis continue avec la série Waiting. Chaque photographie d'Erwin Olaf est composée avec tant de soin qu'elle ressemble à un tableau. La qualité du décor, la précision de la lumière, la mise en scène sophistiquée, l'attitude du modèle dirigé comme un acteur, l'atmosphère de solitude souvent mélancolique caractérisent l'univers artistique du photographe. On pense aux tableaux d'Edward Hopper en découvrant la série Waiting, La Défense. Le temps semble figé face à l'attente de ces femmes enfermées dans la solitude. L'esthétique des décors est digne des films de Jacques Tati. Enfant, le photographe adorait regarder Mon oncle et Playtime. Dans une interview du magazine IDEAT, il évoque également son goût pour la peinture “L'influence de Rembrandt transparaît dans mes portraits, par l'intensité des regards et les vêtements sombres. Je ne veux pas décevoir les gens que j'immortalise. La façon dont ils posent est très importante. Je me souviens d'avoir photographié Rem Koolhaas. Il avait quelque chose d'un dictateur soviétique... comme la plupart des architectes !”

Erwin Olaf, Waiting, Portrait 2, Shenzhen, 2014
Erwin Olaf, Waiting, Shenzhen 2, 2014
Erwin Olaf, Selfportrait, Tar and feathers n°2, 2012
A propos de cet autoportrait (extrait de l'interview du magazine IDEAT, Vanessa Chenaie et Mikael Zikos) : “J'étais en train d'embrasser mon ami à Amsterdam lorsqu'un homme est arrivé et nous a dit qu'on ne pouvait pas faire ça en public, devant son magasin. J'ai alors créé un évènement Facebook en demandant aux gens de s'embrasser comme nous dans la rue. Nous étions en été, donc les Hollandais sont venus en masse et la police m'a appelé. Un journaliste de la presse à scandale m'a poussé à embrasser une fille et, me sentant offensé, je lui ai craché au visage. Puis j'ai fait cet autoportrait en guise de thérapie. Aujourd'hui, les médias cherchent des stars dans tous les domaines, mais je n'ai jamais cherché à attirer l'attention de cette façon. Je préférerais recourir au cinéma pour cela.”
A découvrir également dans le magazine IDEAT spécial Erwin Olaf, une série surprenante intitulée Violence & Fashion avec un sosie d'Anna Wintour franchement drôle.

Courrez voir cette somptueuse exposition Waiting visible jusqu'au 28 novembre à la galerie Rabouan Moussion, 11 rue Pastourelle, Paris 75003. Ouverture exceptionnelle de la galerie le dimanche 15 novembre de 10h à 19h.

erwin-olaf-berlin-la-galerie-rabouan, 2013
erwin-olaf-berlin-hasted-kraeutler, 2013
erwin-olaf-pour-le-vogue-neerlandais, 2013
keyhole-installation-erwin-olaf, 2012
prolongation-The dark Side

samedi 31 octobre 2015

L’importance de la calligraphie à travers l’écriture bâtarde


Calligraphie Alice Bénusiglio

Le lien étroit entre calligraphie, typographie et logotype est souvent méconnu. En travaillant sur les écritures du XVIIe siècle, je me suis intéressée à lécriture bâtarde présente sur les célèbres logotypes de la joaillerie Cartier et de lhôtel Ritz. Lécriture bâtarde incarne lâge d'or de la calligraphie française du XVIIe “Louis Barbedor, le plus éminent calligraphe du règne de Louis XIV, a fait lobjet dune grande vénération et inspiré le respect à ses successeurs, en fixant pour des décennies les règles de la financière et de la bâtarde italienne.” (cf. Mediavilla)

Ce nest pas un hasard si lécriture bâtarde a su traverser les siècles et incarne encore aujourdhui deux des plus prestigieuses enseignes de la place Vendôme.



L'Art d'écrire, Jean-Baptiste Alais de Beaulieu, 1680

L'Art d'écrire, Jean-Baptiste Alais de Beaulieu, 1680
LArt d'écrire, par Alais

jeudi 15 octobre 2015

Quand Marie-Lorène Fichaux rencontre les œuvres de Buren et Varini




Marie-Lorène Fichaux au Palais-Royal / Daniel Buren, Photographies Alice Bénusiglio
Marie-Lorène Fichaux à La Villette / Felice Varini, Photographies Alice Bénusiglio
Voici une série de photographies réalisées pour mon amie Maria-Lorena Fichaux (Marie-Lorène Fichaux aux États-Unis) danseuse soliste au New York City Ballet. Maria voulait poser dans Paris, j’avais carte blanche pour choisir les lieux et les costumes. J’ai pensé aux colonnes de Daniel Buren et aux œuvres de Felice Varini avec encore en tête le magnifique ballet graphique de Wayne McGregor L’anatomie de la sensation. Les chorégraphes Pina Bausch et Jerome Robbins faisaient également partie de nos sources d’inspiration.




mercredi 14 octobre 2015

JR. DECADE. Portrait d'une génération. Derniers jours à la galerie Perrotin.

JR. 28 Millimètres, Portrait d'une génération, Les Bosquets, In the Mist, Montfermeil, France, 2014
Derniers jours pour aller voir DECADE, portrait d'une génération à la galerie Emmanuel Perrotin. L'exposition associe sur une décennie les oeuvres de JR réalisées aux Bosquets à Montfermeil et ses oeuvres relatives à la danse.
L'artiste a réalisé en 2004 une série de portraits de jeunes habitants des Bosquets qu'il a ensuite collés sur leurs immeubles. Parmi ceux-ci, celui de son ami Ladj Ly entouré de jeunes garçons de la cité, pointant sa caméra comme une arme vers l'objectif de JR.
Un an après les émeutes de 2005, l'artiste retourne aux Bosquets avec son objectif de 28 mm pour photographier au plus près les visages des jeunes des cités. Il collera ces portraits dans Paris avec leur nom, prénom et adresse (cf. Portrait d'une génération 2004-2006).
C’est par la pratique de la vidéo que ces portraits refont surface, lorsque le PRU (Projet national de Rénovation Urbaine) inclut en 2012 la destruction de deux barres d’immeubles de la cité des Bosquets. Conscient qu’une partie de la mémoire des lieux va disparaître, JR choisit d’en capter les derniers instants en ayant préalablement collé une vingtaine des portraits de 2006 sur les cloisons intérieures des appartements : portraits d’une génération que l’on voit s’effondrer à l’écran, au fur et à mesure que l’immeuble est grignoté, voué à disparaître.

JR. 28 Millimètres, Portrait d'une génération, B11, destruction #4, Montfermeil, France, 2013
Courtesy Galerie Perrotin, ©JR-ART.NET 
En 2014, alors que JR travaille sur un projet avec le New York City Ballet, l'artiste convainc Peter Martins, directeur du David Koch Theater, de monter une chorégraphie autour de l’histoire des Bosquets et des émeutes de 2005.
Dix ans après avoir fait ses premiers pas à la cité des Bosquets, JR met en scène avec le NYCB l’histoire de son ami Ladj Ly et de sa rencontre avec une jeune journaliste lors des émeutes. Il fait appel à Lil’ Buck, jeune danseur connu pour sa pratique du jookin qui incarnera le jeune Ladj Ly, pour créer un duo avec la danseuse classique Lauren Lovette, qui interprètera la journaliste. La première du ballet Les Bosquets est donnée en avril 2014 avec 42 danseurs du corps de ballet du NYCB. Ce ballet deviendra l'objet du film Les Bosquets à travers une reprise interprétée par les danseurs de l'Opéra National de Paris sur les lieux-même des affrontements en 2005.

Le travail de JR est spectaculaire et courageux. L'artiste réunit deux mondes n'ayant pas l'occasion de se rencontrer. Il porte un regard d'artiste sur la population d'une cité caricaturée par les journalistes. Qui aurait pu croire qu'un jour un artiste créerait une chorégraphie sur le thème des émeutes de 2005 ? Qui aurait pu croire que la cité des Bosquets serait le décor d'un ballet où danseraient le corps de ballet de l'Opéra National de Paris, la danseuse étoile du NYCB Lauren Lovette et le danseur Lil Buck pour un tournage ?
JR réunit la danse et l'art là où on ne les attend pas.


JR, Les Bosquets, New York City Ballet, Avril 2014

samedi 19 septembre 2015

Standing ovation pour les adieux de Sylvie Guillem

Standing ovation pour Sylvie Guillem,
soirée inoubliable au théâtre des Champs Élysées pour sa tournée d'adieux, Life in Progress.
Photographie Alice Benusiglio

Ce jeudi 17 septembre, Nicolas Le Riche l’annonçait sur twitter : Le soleil n’est pas dans le ciel de Paris aujourd’hui mais sur scène avec Sylvie Guillem. La formule est juste ! L’étoile a ébloui la salle. Life in Progress commence avec la chorégraphie Technê d’Akram Khan que Sylvie Guillem interprète de manière viscérale, mi-danseuse mi-animal. L’étoile nous emmène dans sa transe en dégageant une énergie extraordinaire. Le spectacle a fini sur la chorégraphie Bye de Mats Ek créée spécialement pour une Sylvie Guillem radieuse, éternellement jeune et tellement dans son élément qu’on préfèrerait qu’il s’agisse d’un au revoir plutôt que d’un adieu à la danse. Bravo à cette étoile inclassable dont la virtuosité ne cessera de nous faire rêver.




samedi 12 septembre 2015

Adieu Adrian Frutiger

Le créateur de l'Univers s'est éteint le 10 septembre 2015. Monstre sacré de la typographie, Adrian Frutiger était également un illustrateur artiste. Ses illustrations du livre Cantique des Cantiques de Salomon sont merveilleuses. A voir aussi le livre Adrian Frutiger: Forms and Counterforms.







Formes et contreformes, Adrian Frutiger
 http://www.rts.ch/archives/tv/divers/racines/6700667-les-signes-de-frutiger.html

mercredi 29 juillet 2015

Hedi Slimane se prend pour Hedi Saint Laurent

Gia Carangi en YSL Rive Gauche, photographiée par Helmut Newton pour Vogue Paris, 1979
Photographie Helmut Newton, rue Aubriot, 1975, le tailleur-pantalon Yves Saint Laurent.
 En sortant la mode du studio, Newton a révolutionné le genre.
Photographie Helmut Newton, rue Aubriot, 1975
Hedi Slimane s'aime tellement qu'on se demande pourquoi il n'a pas rebaptisé la marque Yves Saint Laurent en « Moi, Hedi Saint Laurent ». Le prénom du créateur défunt le dérangeait, alors il le supprime en décidant de renommer la marque « Saint Laurent Paris ». Au passage, il en profite pour mettre de côté le monogramme de Cassandre en recopiant maladroitement un vieux logo des années 1960 utilisé à l'époque pour représenter Saint Laurent Rive Gauche. J'avais écrit un article à ce sujet : Le nouveau logo Saint Laurent.
Malheureusement la mégalomanie du designer ne s'arrête pas là. Un article de Pierre Groppo annonce sur le site de Vogue Paris « Hedi Slimane réinvente l'esprit couture d'Yves Saint Laurent ». L'entrée en matière est dithyrambique : « C’est au cœur de la Rive Gauche, dans un hôtel particulier du XVIIe siècle entièrement rénové et décoré par Hedi Slimane que seront installés les ateliers « Flou » et « Tailleur ». Une proposition pur luxe, numérotée et signée du légendaire logotype de Cassandre ». Tout un programme richement illustré par un diaporama signé Hedi Slimane naturellement.
La première photographie semble être un autoportrait. Elle révèle à merveille la personnalité du designer : on le voit dans une pièce glaciale fraîchement rénovée de l'hôtel de Sénecterre, il baisse la tête et semble observer son nombril, une occupation qui doit lui prendre beaucoup de temps. Les autres photographies présentent la fameuse « réinvention de l'esprit couture d'YSL » à travers des clichés imitant l'univers d'Helmut Newton. Une fois de plus, Slimane copie gauchement une esthétique et la vide de son sens. Tout l'esprit de Newton a disparu. Son humour, son érotisme, sa sensualité sont absents. Les clichés de Slimane présentent des mannequins sans forme comme des petits soldats de plomb désenchantés, plantés dans la nouvelle maison de couture du 24, rue de l'Université. Un décor riche et austère situé dans l'hôtel de Sénecterre, monument historique construit par Thomas Gobert, architecte et ingénieur pour le Roi Soleil.
L'austérité ne concerne pas uniquement le décor, les vêtements sont également tristes à mourir. Le tailleur-pantalon et le fameux smoking d'Yves Saint Laurent ont été slimanisés. Une coupe au scalpel efface le corps de la femme. Des jeunes filles au regard absent sont juchées sur des talons aiguilles droites comme des i avec des jambes en forme de bâton. Les quelques robes présentées ne ressemblent à rien. On ajoute ici ou là un nœud autour du cou pour faire semblant d'habiller une femme. Bref c'est pathétique. Tout le monde se pâme devant le génie rock 'n' roll de la mode mais le travail de Slimane n'est que rigidité et prétention. Il n'a fait preuve d'aucune créativité concernant le vestiaire féminin et semble renier le corps des femmes. Il manque deux qualités majeures à Slimane pour être un bon créateur : l'inspiration et la grâce.Yves Saint Laurent disait : « Rien n'est plus beau qu'un corps nu. Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme ce sont les bras de l'homme qu'elle aime. Mais pour celles qui n'ont pas eu la chance de trouver ce bonheur, je suis là ». Yves Saint Laurent sublimait la femme en empruntant au vestiaire masculin sans effacer la féminité. Slimane transforme la femme en grotesque pantin désincarné. Il ne s'est pas contenté d'amocher le nom de la maison Yves Saint Laurent, il a tué son âme. Hedi Slimane n'aime que Slimane. Il incarne la toute puissance de l'argent dénuée de talent. Il plagie grossièrement le passé en voulant faire passer du prêt-à-porter pour de la haute couture, une appellation juridiquement protégée que la maison avait perdue après les adieux d'Yves Saint Laurent en 2002. Que Slimane crée une marque à son nom plutôt que de salir celui des autres.
Photographie Hedi Slimane, Saint Laurent Paris, campagne "24, rue de l'Université", juin 2015
Le nouveau logo Saint Laurent
L'express : Hedi Slimane lance une ligne privée "couture" chez Saint Laurent
The Independent : Is Saint Laurent creative director Hedi Slimane dishonouring the great man's legacy ?

jeudi 9 juillet 2015

Beauté Congo 1926-2015 Congo Kitoko à la Fondation Cartier

JP Mika, La Nostalgie, 2014
JP Mika, Mandela dignité pour l'Afrique, 2014
Chéri Chérin, Parle menteurs des parties pourritiques, 2011
Chéri Samba, Little Kadogo – I am for Peace, That is why I like Weapons, 2004
La Fondation Cartier présente actuellement une exposition foisonnante intitulée Beauté Congo 1926 – 2015 Congo Kitoko commissionnée par André Magnin. Celle-ci retrace d'une manière transversale la production artistique aussi riche qu'éclectique de la République démocratique du Congo de l'époque coloniale à aujourd'hui.
Les peintures des « artistes populaires » JP Mika, Chéri Chérin ou Chéri Samba semblent avoir le même rôle que le dessin de presse : éveiller les consciences. La dimension politique conditionne toujours les artistes de la jeune génération, Pathy Tshindele représente les chefs d'état habillés en rois Kuba dans sa série It's My Kings, dénonçant ainsi le rôle néfaste des superpuissances mondiales dans la politique africaine (Nicolas Sarkozy a son portrait). Sammy Baloji utilise le photo-montage pour confronter l'histoire coloniale belge à l'histoire contemporaine du Congo dans sa série Congo Far West.


Pierre Bodo, Femme surchargée, 2005
Sammy Baloji, Congo Far West
Pathy Tshindele, It's My Kings
Au sous-sol sont exposées les fabuleuses « architectures maquettiques » de Bodys Isek Kingelez représentant des cités idéales à partir de matériaux de récupération : Ville fantôme, La ville de Sète en 3009, puis plus loin on aperçoit La cité des étoiles de Rigobert Nimi, une extraordinaire maquette rétro-futuriste animée.

Vue de l'exposition, au premier plan maquette de Bodys Isek Kingelez, La ville de Sète en 3009,
au second plan tableaux de Moke
Vue de l'exposition, au premier plan maquette de Bodys Isek Kingelez, Ville Fantôme
Rigobert Nimi, La cité des étoiles, 2006
Enfin, l'exposition s'achève avec des œuvres plus anciennes de l'école d'Elisabethville, rappelant la peinture naïve et l'art brut. Les œuvres stylisées avec des personnages filiformes de Mode Muntu sont admirables. La dernière salle présente « Les précurseurs » de la fin des années 1920, des peintres de case, Albert Lubaki et Djilatendo, ont retranscris leurs œuvres à travers des aquarelles.

Mode Muntu, Kusaidia, l’entraide, 1980, 
Collection Michaël De Plaen. © Mode Muntu. Photo © Michaël De Plaen
Je recommande cette exposition pour la diversité et la richesse des œuvres présentées. Elle illustre la complexité du contexte politique et social de la République démocratique du Congo ainsi que son histoire.

L'exposition Beauté Congo 1926 – 2015 Congo Kitoko est visible jusqu'au 15 novembre 2015 à la Fondation Cartier.
L'article de Roxana Azimi, Beauté Congo, l'exposition qui restitue l'énergie débridée de Kinshasa
fondation.cartier.com