samedi 23 avril 2016

Heinz Mack Spectrum, galerie Perrotin


Heinz Mack, Lightgitter-Relief, 1984, galerie Perrotin Paris
Heinz Mack, Lightgitter-Relie (détail signature), 1984, galerie Perrotin Paris
Heinz Mack dans son atelier (1959?)
Heinz Mack, vue de l'exposition Spectrum, galerie Perrotin Paris
Heinz Mack, Maquette de “Stelen-Wald”, 1970/83galerie Perrotin Paris
Heinz Mack, vue de l'exposition Spectrum, galerie Perrotin Paris
Heinz Mack, vue de l'exposition Spectrum, galerie Perrotin Paris
Heinz Mack et Matthieu Poirier, salle de bal, galerie Perrotin Paris
Photographies Alice Bénusiglio
Je recommande la magnifique exposition rétrospective Spectrum présentant 70 œuvres de Heinz Mack à la galerie Emmanuel Perrotin. Est-ce parce que j’adore la musique de Thelonious Monk que je vois son nom inscrit partout ? La musique de ce pianiste de génie s’accorderait à merveille comme fond sonore. La recherche fondamentale sur les matériaux et la cohérence caractérisent l’œuvre de cet artiste majeur, peintre et sculpteur abstrait.

Communiqué de la galerie

Heinz MACK « Spectrum » (1950-2016) Curated by Matthieu Poirier
Galerie Perrotin, Paris / 23 avril - 4 juin 2016

En 1973, le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présentait une importante rétrospective de l’oeuvre de Heinz Mack. Pourtant, les décennies suivantes, à mesure que la carrière de l’artiste prenait une ampleur internationale, sa présence s’amenuisait sur la scène artistique française. La présente exposition se propose dès lors de renouer avec ce réformateur essentiel de l’histoire de l’art abstrait. Avec le concours enthousiaste de l’artiste, de prêteurs et d’institutions de premier plan, j’ai retenu un ensemble conséquent de plus de soixante-dix œuvres dont certaines, très anciennes, n’ont jamais été montrées au public. Le parcours se déroulera exceptionnellement sur l’ensemble des espaces de la Galerie Perrotin à Paris et articulera différents formats, natures et périodes, afin de pointer certains des axes essentiels, pour ne pas dire « tout le spectre », d’une ample carrière.

Les toutes premières réalisations caractéristiques de Mack apparaissent autour de 1950, dans le cadre de la Kunstakademie de Düsseldorf, puis lors d’études de philosophie à l’université. L’artiste y privilégie d’emblée un langage volontiers abstrait et nonfiguratif, tout en étant déçu par la plupart des développements récents de ce courant, qu’il estime académiques et par trop redevables de la composition traditionnelle et de l’imagerie. L’avant-garde historique et les travaux de Malevitch, Rodtchenko, Mondrian ou encore Balla retiennent en revanche toute son attention. Rapidement, autour de 1953-54, il conçoit des tableaux, reliefs et sculptures selon une logique radicale, qui se déploie encore aujourd’hui dans sa pratique quotidienne, ceci de l’atelier de Mönchengladbach à celui d’Ibiza. Ce principe esthétique concerne ses nombreux voyages au Sahara où ses réalisations et actions, dès 1962, préfigurent le land art nord américain. La période 1957-1966 est une étape tout aussi cruciale : avec Otto Piene, puis Günther Uecker (qui les rejoint en 1962), Mack est le fondateur et l’animateur central de ZERO, une entité artistique à géométrie variable, pivot international du renouveau cinétique de l’abstraction dont Yves Klein ou encore Jesús Rafael Soto furent membres et dont, très récemment, de nombreuses institutions, avec le concours de la ZERO Fondation à Düsseldorf, ont tenté de rendre compte, du Guggenheim à New York au Stedelijk à Amsterdam, en passant par le Martin-GropiusBau à Berlin ou encore le Grand Palais à Paris, avec «DYNAMO» — dont j’avais par ailleurs proposé le titre en référence à l’usage récurrent qu’en fit Mack lui-même à cette époque historique. Les années 1970-80, quant à elles, relèvent d’une même singularité esthétique, et nombre des sculptures de Mack, dont de très nombreuses stèles et autres obélisques volontiers hors-échelle, engagèrent un dialogue fécond avec l’architecture et l’espace urbain, principalement à travers toute l’Allemagne.

D’une période à l’autre, la quête esthétique de Mack est une exploration constante, à la fois systématique et sensuelle, du spectre lumino-chromatique et de ses seuils perceptifs. Cet objectif immatériel prend chez l’artiste une dimension philosophique qui s’appuie, paradoxalement, sur des moyens hautement matériels et exploite la simplicité brute de matériaux naturels ou manufacturés, tels que la peinture, le métal, le bois, la pierre, le verre, le plexiglas ou encore le sable. La variabilité de la réalisation manuelle, à la fois contrôlée et aléatoire, ainsi que cette réduction primitiviste, font chez Mack le lit d’un exceptionnel déploiement phénoménologique. Dans ce cadre, le spectateur est amené à faire l’expérience tangible de la vision et à considérer le temps et l’espace comme des médiums à part entière.

Sur sa carte de visite, Heinz Mack se présente comme « sculpteur et peintre ». L’ordre de ces mentions est significatif en ce que la modulation de la matière dans l’espace y prévaut sur la création d’images à la surface du tableau. Autrement dit, même les toiles tendues sur châssis - des tableaux - de l’époque ZERO se trouvent chez Mack recouvertes d’empâtements abondants qui les tirent vers ce domaine intermédiaire de l’histoire de l’art qu’est le relief, situé entre peinture et sculpture, et dont les éléments forment une saillie conséquente par rapport au plan qui les reçoit. Leur apparence, toute aussi ambiguë, voire paradoxale, rend difficile toute fixation mentale ou photographique. Car l’œuvre de Mack n’existe que dans un double mouvement d’apparition et de disparition. La matière, instable, y est constamment rongée par l’obscurité ou la lumière. Il s’agit là d’un paradoxe, inhérent à l’histoire du cinétisme et de l’art perceptuel dont Heinz Mack fut un acteur central, entre l’évidence tangible du fait matériel et le mystère insoluble de ses effets.

– Matthieu Poirier

www.perrotin.com

Robert Longo, Luminous Discontent, Galerie Thaddaeus Ropac

Robert Longo, Untitled (X-Ray of St. John The Baptist, 1513, After da Vinci) 2015-2016
Galerie Thaddaeus Ropac

Communiqué de la galerie
La Galerie Thaddaeus Ropac a le plaisir de présenter Luminous Discontent (Lumineuse Inquiétude), une exposition qui aura lieu sur les trois étages de sa galerie parisienne du Marais, et rassemblera une sculpture et dessins grand format au fusain de l’artiste américain Robert Longo.
Pour cette exposition, Robert Longo a utilisé la galerie comme un espace de collision pour ses images épiques. Le visiteur se voit d’abord confronté, de loin, à un dessin abstrait de grand format intitulé Untitled (Shipwreck, Redux), 2016, représentant une composition brouillée qui semble à la fois sortir du futur et du passé, lui proposant une première impression confuse. Cette œuvre donne le ton de l’exposition de Robert Longo, qui, après avoir désorienté le visiteur, l’incite à changer de perspective, et à voir au-delà pour accéder à une intuition de l’image plus profonde, plus instinctive et viscérale.
Au rez-de-chaussée, des paroles inaudibles émanent des murs. Ce sont les mots d’une lettre d’amour jamais envoyée de Beethoven qui affleurent à la surface du visible. D’un mur à l’autre se répondent les craquelures de glace d’un gigantesque iceberg et les éclats d’une balle d’arme à feu dans la vitre d’un bureau parisien. Les œuvres de Robert Longo sont les reflets de notre époque : parcourues de chaos et d’incertitudes.
Une nouvelle série d’œuvres réalisée d’après des images aux rayons-X de peintures de Van Gogh et des grands maitres sera présentée au premier étage. Olivia Murphy a écrit à propos de ces dessins : « On peut sentir la violence du clou planté dans le châssis, les craquelures et la matière de la peinture qui s’est écaillée avec le temps. L’essence de l’image se révèle par les détails dissimulés sous la surface. C’est l’invisible même qui nous est donné à voir, l’aura éternelle de la peinture que seuls les rayons-X permettent de dévoiler: son âme même. Dans un sens, la vénération de ces peintures et leur transposition en dessins devient une sorte de béatification qui les érige au rang de saints dans le paradis artistique de Robert Longo. »
Au moyen du fusain et du jeu sur les échelles, Luminous Discontent explore la manière dont la croyance en l’invisible engendre une opposition de forces, entre confiance et scepticisme, peur et espoir. Dans l’œuvre de Robert Longo, la lumière éclaire notre histoire et réfléchit notre présent chaotique.
L’exposition sera accompagnée de la publication d’un catalogue bilingue (anglais/français) présentant un essai de l’artiste et écrivaine new-yorkaise Olivia Murphy.
Robert Longo est né en 1953, à Brooklyn, New York. Son travail est présent dans de nombreuses institutions prestigieuses et collections privées à travers le monde telles que le Museum of Modern Art et le Whitney Museum of American Art de New York, le Los Angeles County Museum of Art, le Centre Georges Pompidou à Paris, l’Albertina de Vienne, et la Tate Modern de Londres. En 2005, Robert Longo a reçu le prestigieux Goslar Kaiser Ring en Allemagne pour ses « réalisations exceptionnelles dans le domaine de l’art moderne » ; et en 2010, il s’est vu décerner le titre d’Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le Ministre de la Culture française.

vendredi 15 avril 2016

HEINZ MACK, SPECTRUM (1950-2016), Curated by Matthieu Poirier, Galerie Perrotin Paris

Heinz Mack dans son studio à Düsseldorf, 1959. Photo : Archive Heinz Mack
Événement à la galerie Perrotin !

Celle-ci organise du 23 avril au 4 juin 2016 l’exposition personnelle de Heinz MACK « Spectrum », dont le commissariat a été confié à Matthieu Poirier et qui réunira plus d'une soixantaine d’oeuvres des débuts (1950) jusqu'à maintenant, dans 3 espaces de la Galerie, au 76 rue de Turenne et 10 impasse Saint-Claude. Il s’agit de la première grande exposition monographique en France consacrée à Heinz Mack, membre fondateur avec Otto Piene en 1957 du groupe ZERO, depuis celle du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1973. Heinz Mack, né en 1931 à Lollar (Hesse) en Allemagne, vit & travaille entre Mönchengladbach (près de Düsseldorf), Allemagne et Ibiza, Espagne.

Vous êtes invités à une conversation entre Heinz Mack et Matthieu Poirier qui aura lieu le jour du vernissage, samedi 23 avril à 18h à la Salle de Bal – 60 rue de Turenne, Paris 3e. Plus d'informations en cliquant ici

Spiegelwand für Licht und Bewegung (Modell für ein monumentales Project), 1960/2015 Acier inoxydable, miroirs, bois. 117.5 x 210.5 x 135 cm / 46 1/4 x 82 7/8 x 53 1/8 inches Photo: Pierre Antoine © Heinz MACK / ADAGP, Paris, 2016
Vibration im Blau, 1959 Résine synthétique sur toile.128 x 162 cm / 50 3/8 x 63 3/4 inches Photo: Pierre Antoine © Heinz MACK / ADAGP, Paris, 2016