lundi 8 mars 2010

Sang Bleu V sort aujourd'hui en librairie

LienSang Bleu 5, magnifique magazine en deux épais volumes, est disponible à partir d'aujourd'hui. Cette revue rappelle les bons débuts de purple. Maxime Büchi mêle avec beaucoup d'élégance la culture du tatouage, la culture underground, l'art et la mode. Le magazine conserve toujours sa qualité expérimentale et sa direction artistique très soignée avec des typographies originales (B&P type foundry).
Sang Bleu apporte un grand bol d'air frais dans la presse sur l'art et la mode. Ce numéro confirme son excellence et sa place dans le milieu.
Outre ses multiples activités de tatoueur, directeur artistique, rédacteur en chef, typographe, Maxime développe sa maison d'édition, Sang Bleu éditeurs, à travers laquelle il publie pour les musées et les galeries.

Sang Bleu 5

Sang Bleu

Tsumori Chisato collection hiver 2010-2011


Tsumori Chisato nous transporte dans une ambiance mille et une nuits et lampe magique à travers cette collection. Les mannequins sortaient d'une tente et circulaient sur des tapis persans. Un défilé aux couleurs chatoyantes et broderies luxuriantes, bref un hivers lumineux.








© photographies : Alice Bénusiglio
TsumoriChisato (wikipédia)

vendredi 5 mars 2010

Grace installation & Doll-making performance by Jun Takahashi (Label Undercover)


Mercredi soir, à l'Eclaireur, Jun Takahashi fabrique une créature

son matériel : des ours en peluche

des pinces, du scotch, des cerveaux en plastique, des colliers, du fil, des aiguilles, des strass

et des vieilles cotonnades jaunies, des dentelles, de la fourrure



Jun Takahashi, la créature et Kan Takagi (DJ de la soirée)




La soirée fêtait le lancement de deux parfums, Holygrace et Holygrapie du label Undercover
produit par Comme des garçons





© photographies : Alice Bénusiglio

Jun Takahashi et son univers onirique, fantastique et raffiné m'émerveilleront toujours. On se souvient de sa magnifique collection Grâce, l'univers de ses parfums y reste fidèle.

Jun Takahashi, l'ovni fabuleux

Novembre. Nouveau magazine sur l'art et la mode. Florence Tétier et Maxime Büchi.

Novembre, un nouveau magazine suisse sur l'art et la mode va sortir au printemps. La rédaction en chef est assurée par Florence Tétier et Maxime Büchi (éditeur de Sang Bleu). Je ne sais rien sur le futur contenu de cette revue. Les concepteurs sont talentueux. Florence Tétier (directrice artistique et illustratrice) et Maxime Buchi (tatoueur, directeur artistique, typographe, éditeur) promettent de réaliser une revue intéressante.

www.novembremagazine.com

Le magazine L'Officiel de la mode consacre un hors-série à Alexander Mc Queen

Plongée dans les archives du magazine pour retracer le travail du créateur génial Alexander Mc Queen. La moitié du Hors série est consacrée aux collections du créateur pour la marque Givenchy et pour sa propre marque Alexander Mc Queen. Celles-ci sont richement illustrées.








L'Officiel de la mode et de la couture de Paris hors série est actuellement en kiosque

jeudi 25 février 2010

Gosse de Peintre, Beat Takeshi Kitano à la Fondation Cartier

Beat Takeshi Kitano, 1996
Acrylique sur carton, 73 x 103 cm © Office Kitano Inc.
Exposition Beat Takeshi Kitano, Gosse de peintre,
Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 11 mars – 12 septembre 2010


Après avoir invité en 2007 le cinéaste David Lynch à réaliser une exposition magistrale présentant son univers angoissant et fantastique à travers ses croquis, ses photos, ses peintures et ses décors ; la fondation Cartier a la bonne idée d’inviter Takeshi Kitano.
Ce dernier a accepté l’invitation du directeur de la fondation, Hervé Chandès, qui a su le convaincre suite à de multiples échanges. Takeshi Kitano ne veut pas institutionnaliser son art. Cette exposition sera donc particulière : elle s’adressera aux enfants et aux adultes, elle sera conçue comme une gigantesque installation ludique et attractive.

Takeshi Kitano est LE cinéaste dont j’allais voir systématiquement les films pendant mon adolescence. Jugatsu, A Scene at the Sea, Sonatine, Kids Return et Hana-bi m’ont profondément marquée. Kitano est un personnage aux multiples facettes : comique, acteur, animateur, réalisateur, peintre, écrivain. Un artiste sérieux qui ne se prend pas au sérieux. J’aime ce réalisateur inclassable, violent et doux, farceur, irrévérencieux, pouvant être vulgaire et poète à la fois. Au Japon, il est une star très populaire, surtout connu comme comique et animateur télé. Il commença à vingt-cinq ans avec Kiyoshi Kaneko formant le duo The Two Beats (d’où son pseudonyme Beat Takeshi). Le duo devint très populaire et médiatique, les comiques ont alors été engagés pour animer un talk-show à la télévision.

À l’image du cinéaste, l’exposition promet d’étonner : « En créant Gosse de peintre, un projet kaléidoscopique dont la dimension autobiographique est évidente, Beat Takeshi Kitano prend à contre-pied les principes mêmes de l’exposition. Invitant les visiteurs à interagir et participer, il transforme le musée en parc d’attractions dans lequel il fait entrer tous les mondes de Beat Takeshi Kitano. La culture populaire et la réflexion scientifique, l’imaginaire, la satire, la tradition, la pédagogie, le beau et le kitsch s’y côtoient en un ensemble à la fois hétéroclite et complémentaire. » (extrait du dossier de presse). Attractions, vidéos et peintures seront donc au rendez-vous, bien loin des conventions du musée. Les peintures seront exposées pour la première fois, avec notamment les sublimes dessins représentant des créatures hybrides entre animaux et fleurs que l’on voit dans Hana-bi. Des vases qui s’inspirent de ces êtres étranges ont été spécialement réalisés à Venise pour les accompagner dans cette exposition.

Gosse de Peintre, Beat Takeshi Kitano
Du 11 mars au 12 septembre 2010
La fondation Cartier
261 bd Raspail
75014 Paris

La fondation Cartier
TakeshiKitano.net
wikipédia

Au-delà du réel. Galerie Jérôme de Noirmont

Valérie BELIN, Têtes couronnées # 1, 2009
Série : Têtes couronnées
Sérigraphie en couleur sur papier, 188 x 146 cm
Edition à 3 exemplaires et 1 épreuve d´artiste
© Valérie Belin. Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont, Paris.

La galerie Jérôme de Noirmont présente actuellement l’exposition au-delà du réel. Celle-ci regroupe les œuvres anciennes ou nouvelles des artistes suivants : Valérie Belin, George Condo, Fabrice Hyber, David Mach et Bettina Rheims. Les œuvres sont sélectionnées en fonction du thème de l’exposition. Elles ont comme point commun la transcendance ou la transfiguration de la réalité.

Dans cette exposition de groupe, les travaux de trois artistes m’ont particulièrement attirée.
Valérie Belin, dont l’œuvre spectaculaire, Têtes couronnées #1 donne l’impression de voir trouble grâce à la superposition de trois clichés imprimés en sérigraphie. Cette photographe joue sur la perception du spectateur, ses modèles vivants ressemblent à des poupées et ses mannequins artificiels semblent bien vivants comme en attestent les deux photographies exposées extraites des séries Mannequins de 2003 et Modèles de 2006. Malheureusement, aucune photographie de la série des Michael Jackson de 2003, qui dans le genre transcendait admirablement la réalité.
David Mach, sculpteur atypique, utilise des matériaux peu fréquents : des cintres ou des allumettes avec lesquels il représente ses icônes contemporaines. On peut ainsi reconnaître Che Guevara, Lenine et Mao en allumettes sur des piédestaux. L’utilisation de ce matériau éphémère fragilise ces icônes ancrées durablement dans nos mémoires collectives les révélant ainsi d’une autre manière.
Bettina Rheims, photographe célèbre est également exposée à travers trois anciennes séries bien connues : Animal (1982,1983), Modern lovers (1989,1990) et Les Espionnes (1991). On apprécie toujours de revoir ses photographies.

Au-delà du réel
jusqu'au 23 Mars 2010
Galerie Jérôme de Noirmont
36 avenue Matignon
75008 Paris

vendredi 19 février 2010

Pierre Molinier. Exposition à la galerie Kamel Mennour

Collage original définitif de L'étoile de six, planche 43 du Chaman et ses créatures
Collage, photographie noir et blanc, 27 x 22.5 cm
© Pierre Molinier. Courtesy galerie Kamel Mennour, Paris.

Collage original définitif d'Emanuelle, planche 49 du Chaman et ses créatures.
Collage, photographie noir & blanc, 10 x 13 cm.
© Pierre Molinier. Courtesy galerie Kamel Mennour, Paris.

Grande mêlée, planche terminale du Chaman et ses créatures
Photomontage, photographie noir et blanc, 17 x 22.5 cm.
© Pierre Molinier. Courtesy galerie Kamel Mennour, Paris.

Collage original définitif de Méditation vampirique, planche 41 du Chaman et ses créatures
Collage, photographie noir et blanc, 23,5 x 17,5 cm.
© Pierre Molinier. Courtesy galerie Kamel Mennour, Paris.

Collage original définitif de Rêve, planche 7 du Chaman et ses créatures.
Collage, photographie noir & blanc, 12 x 8,5 cm.
© Pierre Molinier. Courtesy galerie Kamel Mennour, Paris.

La galerie Kamel Mennour présente une série inédite de photomontages et objets de l’artiste excentrique Pierre Molinier (1900 –1976). Provocateur, obsédé sexuel et jouisseur invétéré, l’artiste est connu pour ses tableaux, ses photomontages et ses autoportraits érotiques à travers lesquels il se travestit. La vision de Molinier est singulière, surréaliste et surprenante, parfois lugubre. La représentation kaléidoscopique du corps ainsi que son goût pour les jambes (qu’il multiplie sans cesse), le travestissement, l’androgynie, l’anonymat, le masque révèlent une esthétique à part entière reconnaissable au premier coup d’œil. Ses objets personnels, présentés dans une vitrine et une installation, sont dédiés à son culte pour le fétichisme et l’érotisme. Une panoplie dont il se servait pour ses mises en scène érotiques. Son art faisait partie intégrante de son mode vie, souvent jugé comme scandaleux.

Pierre Molinier. Collages et photomontages inédits.
Du 11 février au 6 mars 2010.
Galerie Kamel Mennour
47 rue Saint André des arts
75006 Paris


le communiqué de la galerie
galerie Kamel Mennour
les presses du réel

jeudi 18 février 2010

Animal, exposition au musée des Arts décoratifs


Manteau noir en singe ébouriffé, vers 1969. Anonyme

© Les Arts Décoratifs. Photo : Jean Tholance


Théière en porcelaine, 1833. Manufacture royale de Sèvre

© Les Arts Décoratifs. Photo : Jean Tholance



Uglydoll, monstre Icebat, 2003

Chine © Les Arts Décoratifs. Photo : Jean Tholance

La galerie d’études du musée des Arts décoratifs propose de découvrir tous les 18 mois un ensemble de plus de 400 œuvres des collections rarement montrées , à travers un thème . À partir du 18 mars 2010, le nouvel accrochage confronte les styles et les époques sous l’angle de l’animal : mobilier , arts de la table , mode , textile , jouets , affiches , bijoux... révèlent les façons multiples dont l’homme s’approprie l’animal et l’intègre au décor quotidien . Sept thèmes sont abordés : l’animal comme matière , parure , forme , décor , mais aussi l’animal comme miroir de l’homme , l’animal comme héros et comme créature monstrueuse. (Extrait du communiqué de presse)

Animal est un thème riche, une source d’inspiration infinie pour les créateurs, designers et artistes. Cette exposition présente l’animal au sens large du thème, à travers sa mythologie, sa symbolique, la relation complexe homme/animal (la domination, le miroir, le fantasme). Elle nous permet d’apprécier les pépites du fonds des Arts décoratifs. La sélection des pièces concernant la mode est particulièrement réussie. On retiendra notamment une petite cape bleue en plumes de coq, des escarpins de Benoît Méléard pour Jérémy Scott, un chapeau Esther Meyer en faisan recomposé, un manteau à collerette pour chien Vivienne Westwood, des bottines de Martin Margiela, une ancienne coiffe chinoise fabuleuse, un manteau et un casque en peau d’autruche Balmain, une veste en fausse fourrure Jean-Charles de Castelbajac ou encore ce manteau Dior extravagant en ours polaire avec (pauvre bête !) une patte de l’animal encore apparente. Passionnée par la mode, j’ai retenu ce vestiaire extraordinaire mais les arts de la table, le design et la publicité sont également richement représentés. L’aspect hétéroclite de cette exposition fait tout son charme. Des chefs d’œuvre peuvent côtoyer une campagne de publicité amusante ou des jouets tout en changeant d’époques et de styles avec aisance. Enfin, pour finir en beauté la visite, l’espace l’animal mon héros nous rappelle toutes les bêtes que nous avons aimées ou détestées pendant l’enfance : les Tortues Ninga, les bisounours, le cochon Nafnaf, Donald, petit ours brun, Babar, Max et les Maxi-monstres, etc.

Animal
Du 18 mars 2010 à novembre 2011
Musée des Arts décoratifs
107, rue de Rivoli
75001 Paris

Les Arts décoratifs

mercredi 17 février 2010

Khalil Joreige et Joana Hadjithomas, Is There Anybody Out There ?

Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Faces (détail), 2009.
Tirages lambda contre-collés sur aluminium. 8x50x36 cm
Courtesy In situ Fabienne Leclerc, Paris


Khalil Joreige et Joana Hadjithomas, deux réalisateurs plasticiens libanais, travaillent ensemble depuis une dizaine d’années. Ces cinéastes avaient été remarqués à Cannes en 2008 dans la sélection Un certain regard pour le film I want to see you, tourné avec Catherine Deneuve et Rabih Mroué parcourant le Liban pendant la guerre.

La galerie In situ/Fabienne Leclerc présente actuellement à travers l’exposition Is There Anybody Out There ? le travail de ces deux artistes vidéastes. Ils posent leur regard de plasticien, bien loin des conventions, sur leur pays en guerre et sa capitale Beyrouth. Des films et des installations photographiques nous plongent dans l’empreinte de la guerre, l’histoire et sa disparition. Les artistes préfèrent suggérer plutôt que montrer, comme dans le film Barmeh/Rondes (2001) ou Rabih Mroué en conducteur inquiétant, commente le paysage que nous ne voyons jamais et hante les rue de Beyrouth alors que se développe le projet de la reconstruction. La série impressionnante de photographies Faces (2009) nous présente les visages altérés des martyrs de la guerre en train de s’effacer dans l’anonymat.

Khalil Joreige et Joana Hadjithomas
Is There Anybody Out There ?
Du 21 janvier au 13 mars 2010
La galerie In situ/Fabienne Leclerc
6 rue du Pont de Lodi
75006 Paris

à lire aussi critique de Benjamin Bianciotto (parisart)
hadjithomasjoreige.com

jeudi 11 février 2010

je pleure ALEXANDER MC QUEEN


Alexander Mc Queen, immense génie de la mode, a mis fin à ses jours. Il n'avait que quarante ans et laisse derrière lui une œuvre éblouissante. Chaque défilé faisait preuve d'une inventivité débridée, baroque, onirique et sophistiquée à l'extrême. C'était l'excellence même. Je pleure ce génie et sa douleur.





Collaboration avec Bjork pour l'album HOMOGENIC

Article (extrait) publié dans Le Monde écrit par Véronique Lorelle

Créateur de génie

La prochaine collection féminine d'Alexander McQueen devait être présentée durant la semaine du prêt-à-porter, à Paris, le 9 mars. Saison après saison, le styliste britannique avait fait de son défilé l'un des plus courus de la capitale française. Créateur de génie, né dans une famille londonienne modeste - son père était chauffeur de taxi -, il savait pimenter la semaine de la mode parisienne par ses prestations scéniques hors norme. Son talent de la coupe, allié à son art de la provocation, transformait chaque présentation de sa collection en un spectacle inédit, digne d'un label haute couture.

Son défilé de 2004, une parodie du film de Sidney Pollack On achève bien les chevaux, avec des danseurs au bord de l'épuisement, a été classé parmi "les plus beaux défilés de 1970 à nos jours" par l'historien de la mode Olivier Saillard, dans son récent ouvrage Histoire idéale de la mode contemporaine (Textuel, 2009). Il s'en dégageait une "énergie cruelle" jetée "en pleine face des journalistes de mode sidérés", précise notamment l'auteur.

Alexander McQueen a bien d'autres défilés-provocations à son registre. Vêtements tachés de sang, collection déchirée sur le thème "Viol dans les Highlands" ou mannequin handicapée aux bottines de bois... Au-delà d'une simple collection de vêtements, le styliste dénonçait la vanité de la condition humaine et la futilité de la mode.

Il était capable de lancer ses mannequins au milieu de zèbres, de buffles et d'éléphants empaillés, de sortir saluer son public en costume de lapin Bunny. Ou de convoquer tout son monde au milieu de loups sous les voûtes de la Conciergerie. "J'utilise les choses que les gens cachent, la guerre, la religion, le sexe, et je les force à regarder. Mes shows sont toujours autobiographiques", confiait-t-il, en 2005, à l'hebdomadaire Le Point.

Epoustouflante, sa création exprimait tout à la fois un talent de couturier et un mal-être récurrent. On y trouvait des références baroques et un peu terrifiantes comme Jack l'Eventreur, l'univers de Dante ou celui des sorcières de Salem, pendues, à la fin du XVIIe siècle, dans le Massachusetts, et dont il prétendait descendre en ligne directe. Une atmosphère sombre qui marquait aussi l'allure de son premier parfum, Kingdom : le flacon emprunte la forme d'un organe éventré sur toute sa longueur qui laisse voir le jus au travers de parois rouges. "J'exorcise mes fantômes", avait-t-il coutume de dire.Lien

Comme il y eut une génération de créateurs belges très féconde pour l'industrie du vêtement (Ann Demeulemeester, Dries van Noten, Martin Margiela...), Alexander McQueen fait partie de cette avant-garde de la mode britannique que l'on a appelée à la rescousse de grandes griffes parisiennes. A l'âge de 27 ans, en 1996, il est catapulté, crâne rasé et allure de rappeur, à la tête de la maison de haute couture Givenchy (Groupe LVMH), où il succède à son compatriote John Galliano, recruté comme directeur artistique de Christian Dior. A la même époque, la toute jeune Stella McCartney, fille d'un ex-Beatle, est chargée de redonner des couleurs à maison Chloé, à Paris. Le drapeau britannique flotte sur le triangle d'or.

Tous trois ont usé leurs jeans sur les bancs de la plus grande institution de mode en Grande-Bretagne, la Saint Martin's School of Arts. Mais Alexander McQueen n'est pas du sérail. Né dans un quartier ouvrier de Londres sous le signe du poisson (tatoué sur son épaule), ce cadet de six enfants est, avant tout, un autodidacte. Apprenti à 16 ans, notamment chez Andersen et Sheppard, deux prestigieux tailleurs de Savile Row, il apprend son métier sur le tas.

Carrière fulgurante

A 20 ans, il travaille pour le couturier japonais Koji Tatsuno, puis pour Roméo Gigli à Milan et revient en Grande-Bretagne avec l'intention d'enseigner à la Saint Martin's School. Là, on lui propose de passer un master, ce qu'il fera. Il sortira de ce haut lieu de la mode gratifié d'un Award du design. S'ensuit une carrière fulgurante. Entre autres nombreux signes : Alexander McQueen a habillé le prince Charles et reçu la distinction de "créateur de mode britannique de l'année" quatre fois entre 1996 et 2003.

En 2000, il entre dans le giron du groupe Gucci (PPR), qui lui offre l'opportunité de développer sa marque propre. Depuis, sa griffe, comme d'ailleurs celle de Stella McCartney, comptait parmi les fleurons de PPR, en termes de créativité et de potentiel de développement. Mais le personnage entretenait, la plupart du temps, le mystère, refusant la plupart des demandes d'entretiens. "Je suis trop timide, mes vêtements parlent pour moi", a-t-il confié un jour.

S'inspirant de la mode de la rue, en particulier du "bumster", ou pantalon taille basse, il fut le premier, en 2005, à avoir fait défiler des modèles aux vêtements arrêtés à la limite vertigineuse des fesses et du pubis.

On ne sait pas si le décès d'Alexander McQueen va conduire à l'annulation du prochain défilé de la marque, prévu à Paris, le 9 mars, lors de la Semaine du prêt-à-porter automne-hiver 2010-2011. Le groupe PPR a seulement déclaré ne pas vouloir faire de commentaire sur les circonstances du décès du créateur, par respect pour sa famille.

En revanche, ses confrères et amis ont salué un révolutionnaire de la mode qui a influencé toute une génération de stylistes. Alexander McQueen restera à la fois comme l'artisan d'une esthétique très couture et un chahuteur de "l'establishment", l'anti-politiquement correct, dans la lignée de Vivienne Westwood (ce qui ne l'a pas empêché de recevoir, en 2004, la distinction de "Commander of the British Empire").

Il avait pour compagnon le cinéaste George Forsyth, avec lequel il s'était uni, à Ibiza, en 2000, avec comme demoiselle d'honneur Kate Moss.

Véronique Lorelle