samedi 27 octobre 2012

Yue Minjun, l'ombre du fou rire

La fondation Cartier va présenter prochainement à travers une grande exposition intitulée L'ombre du fou rire les peintures cinglantes aux sourires inquiétants de l'artiste Yue Minjun. Communiqué de la Fondation :

Du 14 novembre 2012 au 17 mars 2013, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la première grande exposition européenne consacrée à Yue Minjun. Une occasion unique de découvrir le travail de cet artiste chinois aujourd’hui reconnu et dont la célébrité contraste avec la grande discrétion. Revisitant les codes du grotesque par une iconographie haute en couleur et hantée de personnages au rire énigmatique, son oeuvre porte un regard ironique et désabusé sur le contexte social de la Chine contemporaine et sur la condition humaine dans le monde moderne. À travers près de 40 tableaux issus de collections du monde entier, ainsi qu’une multitude de dessins encore jamais montrés au grand public, l’exposition dévoile l’esthétique singulière et complexe d’une oeuvre qui se dérobe à toute interprétation.

Un artiste à l ’image d’une génération fortement marquée par l’histoire de la Chine contemporaine : le rire comme exutoire.
Né en 1962 à Daqing, dans la province de Hei Long Jiang en Chine, Yue Minjun peint d’abord en amateur, avant de partir étudier l’art en 1985 à l’École normale de la province du Hebei. C’est dans la communauté d’artistes du village de Yuanmingyuan, près de Pékin, au début des années 1990, qu’il commence à définir son style ainsi que les contours de son principal sujet : le rire. Au même moment se développe un nouveau courant artistique dont Yue Minjun a souvent été considéré comme un des principaux représentants, le « réalisme cynique », né au debut des années 1990. Marqués par un climat social tout à fait différent de celui des années 1980, et par l’ouverture de l’économie chinoise au marché mondial, ces jeunes artistes rompent à la fois avec le « réalisme socialiste » et avec les avant-gardes. Ils portent un regard plus acerbe et moins idéaliste sur leur environnement : « C’est pour cela que le fait de sourire, de rire pour cacher son impuissance a [une grande] importance pour ma génération. » dit Yue Minjun en parlant de ses débuts.

Yue Minjun, Untitled, 1994 Huile sur toile, Collection privée
Autoportraits : un même éclat de rire lancé à la face du monde.
Ainsi, les visages peints ou sculptés qui parcourent l’oeuvre de Yue Minjun, la bouche béante et les yeux fermés, conservent-ils dans leur extravagance la fixité de masques impénétrables. « Ce rire stéréotypé fait écran à toute quête d’intentionnalité, il dresse un mur, interdit le dedans, bloque toute sensibilité, écrit François Jullien dans le catalogue publié à l’occasion de l’exposition. Il affiche, sous son explosion à répétition, qu’il ne peut rien y avoir à communiquer. » Ces portraits, d’abord inspirés des amis de l’artiste, se fondent peu à peu dans un seul et même visage, celui de Yue Minjun, apparaissant dès lors comme autant de miroirs reflétant ce que chacun veut y voir : une caricature de l’uniformisation de la société chinoise, un moyen de survivre dans un monde devenu absurde, ou une simple forme d’autodérision de la part de l’artiste. La reproduction de ce rire se révèle dans le même temps source inépuisable de possibles graphiques, les mêmes personnages aux traits immuables et stylisés occupant seuls la toile ou se démultipliant à l’infini. Mises en scène de façon caricaturale, cocasse, poétique ou tragique, ces étranges figures héritent des codes de certains dessins animés où tout semble possible et où l’absurde devient norme.

Yue Minjun, The Sun, 2000 Acrylique sur toile Collection privée
Yue Minjun, On the Rostrum of Tiananmen, 1992 Huile sur toile Collection Herman Iskandar, Jakarta
Au-delà du « réalisme cynique » : une esthétique au scénario secret.
Au-delà d’une stricte catégorisation, Yue Minjun déploie dans ses tableaux une esthétique qui lui est propre – déroutante et d’une grande diversité, à la manière d’un scénario au déroulé secret. S’y côtoient les hauts lieux publics de la Chine, voitures de marque, avions et dinosaures, ou encore les références à l’imagerie populaire chinoise et à l’histoire de l’art, en des jeux d’assemblages et d’associations d’images où l’artiste se laisse une liberté d’exécution totale et où chaque signe reste ouvert à l’interprétation. Ainsi l’artiste brouille-t-il comme à plaisir les repères dans le tableau The Execution, inspiré de La Mort de l’Empereur Maximilien de Mexico d’Édouard Manet (1868) dont tous les protagonistes sont remplacés par des personnages souriants, avec au second plan une évocation directe de l’enceinte de la Cité interdite. De même, dans la série évoquant la question de l’absence dans l’image, il reproduit à l’identique les tableaux des grands maîtres de la peinture occidentale et chinoise, en les vidant de l’ensemble de leurs personnages. Ne subsiste que le fond, véritable décor de théâtre désert révélant des paysages lunaires et des architectures surprenantes ou méconnaissables. Face à cette capacité de variation infinie, le visiteur se perd dans un jeu aussi dépourvu d’issue que les immenses paysages labyrinthiques de l’artiste. C’est là que résident toute la force et la subtilité d’une oeuvre qui n’a cessé d’évoluer depuis les années 1990. Entre répétition et variation, chaque tableau acquiert une résonance au sein d’un ensemble dont la puissance visuelle hors du commun est révélée par le regroupement, pour la première fois dans un même espace, de ces oeuvres aussi mystérieuses que dérangeantes.

Yue Minjun, The Death of Marat, 2002 Huile sur toile Collection privée, Pékin

mardi 9 octobre 2012

Cindy Sherman, Gagosian Gallery Paris

Cindy Sherman, untitled (#547), 2010-2012
Courtesy Gagosian Gallery
Cindy Sherman, untitled (#513), 2010-2011
Courtesy Gagosian Gallery
Cindy Sherman, untitled (#540), 2010-2012
Courtesy Gagosian Gallery
L'imposante et majestueuse Gagosian gallery du 4 rue de Ponthieu à Paris présente jusqu'à demain les photographies récentes de Cindy Sherman. 
Cette artiste contemporaine est l'une des plus fascinantes de notre époque. Aujourd'hui âgée de 58 ans, l'artiste se photographie depuis qu'elle a 23 ans. Elle arrive toujours à inventer, explorer et créer à travers ses autoportraits aux mises en scène sophistiquées aussi étranges que saisissantes. Les décors de cette série représentent des paysages des îles Capri, Stromboli, et Shelter Island qui ont été retouchés numériquement pour créer un "effet tableau" et une impression de touche de pinceau légèrement floue. Les avatars de Cindy Sherman apparaissent très nettement en contraste sur les paysages créant une atmosphère étrange et surréaliste. Ces avatars sont comme toujours très travaillés, sur certaines photographies le visage de l'artiste est presque méconnaissable transformé à l'aide de faux sourcils et perruque. L'artiste est vêtue de différents costumes, sur certains clichés elle porte des tenues de haute couture des années 1920 conçue par Coco Chanel.
A travers cette exposition on s'aperçoit que Cindy Sherman se réinventera éternellement, nous propulsant dans cet univers étrange aux milliers de visages et décors qui n'appartiennent qu'à elle.

Cindy Sherman, untitled (#551), 2010-2012
Courtesy Gagosian Gallery
Cindy Sherman, untitled (#548), 2010-2011
Courtesy Gagosian Gallery
Communiqué de la galerie :
Travaillant exclusivement comme son propre modèle depuis plus de trente ans, Sherman se transforme sans cesse pour faire face aux complexités de l'identité à travers des photographies qu'elle contrôle en tant qu'auteur, metteur en scène et styliste. Artiste accomplie, elle saisit toute manipulation possible de son visage et de son corps avec son appareil photographique, captant les expressions les plus nuancées de ses traits souples, et affinant les moindres détails structurels depuis les ongles jusqu’aux accessoires. Révélant une multitude de fausses identités, de l'adolescente accablée à la femme au foyer de banlieue, à l’aristocrate de la Renaissance ou encore la femme mondaine d’un certain âge, Sherman continue d'explorer la gamme inépuisable des apparences sociales et des profils psychologiques que les femmes ont revendiqués tout au long de l'histoire.

Dans les photographies les plus récentes de Sherman, d’obscures figures féminines se tiennent debout devant de vastes et inhospitaliers paysages naturels. Habillées de vêtements sophistiqués, elles semblent en contradiction avec les décors de plaines désolées, hivernales et mystiques et d’arbres dénudés. La dynamique entre les femmes et leurs environnements étrangers varie, faisant parfois allusion à des récits spécifiques, alors que dans d'autres, elles semblent apparaître un peu par hasard. Dans Untitled(# 551), elle porte une robe en or et cobalt perlé sur toute la longueur, rehaussés d'un haut col royal. Son turban de soie simple et son visage nu contrastent avec la somptuosité de ses vêtements. Son regard bleu clair, toujours aux aguets et ses mains légèrement serrées dans un geste d’espoir invitent le spectateur à franchir le lit de rivière couvert de mousse qui se trouve dans son dos. Dans Untitled (# 547), une sorcière fantasmatique plane au bord d'un paysage marin orageux. Vêtue d'une longue robe noire embellie d’un boléro, elle regarde d’un air absent, son visage abimé par l’âge et encadré par ses longs cheveux blancs flottants. Dans Untitled (# 552), elle porte une robe noire sévère, des gants blancs assortis à son col en dentelles et volants. Avec sa coupe au carré rousse et son air profondément renfrogné, elle ressemble à une gouvernante désapprobatrice ou à une domestique en colère d’un autre âge. Dans chaque image, la figure féminine apparait plus grande que le monde naturel qui l’entoure, une inversion de la hiérarchie romantique.
Dans cette série, elle a photographié les paysages sur les îles de Capri et de Stromboli, en Islande lors de l'éruption volcanique de 2010, et à Shelter Island, à New York. Ensuite, elle les a manipulés numériquement pour créer des effets pictauraux luxuriants, en peaufinant les paysages marins rocailleux et les nuages de cendres volcaniques pour rappeler les paysages de Barbizon ou les cieux divins de Turner. Elle s’est ensuite photographiée elle- même en costume devant un écran vert dans son atelier, laissant son visage sans maquillage, et en le retouchant, numériquement. Cette série de photographies, issue d'un projet éditorial pour le magazine Pop, utilise des vêtements des archives Chanel. Les tenues portées par Sherman vont de la haute couture des années 1920 conçue par Coco elle-même à la création contemporaine de Karl Lagerfeld ; les vêtements somptueux et élégants, avec leurs tissus, leurs plumes, leurs volants et leurs broderies de perles resplendissantes, créent un contraste saisissant avec l’intensité maussade du paysage environnant. Ces photographies attirent clairement l'attention sur la nouvelle technique qu’utilise Sherman, superposant les artifices, tout en embrassant les convenances populaires et les processus de la photographie numérique.

Cindy Sherman est née en 1954 dans le New Jersey. Elle vit et travaille à New York. Son travail a fait l'objet d'innombrables grandes rétrospectives internationales, parmi lesquelles « Cindy Sherman: Retrospective », au Musée d'Art Contemporain de Chicago (1997, puis au Musée d'Art Contemporain de Los Angeles, et à la Galerie Rudolfinum, Prague ; Centro Cultural de Belém, Lisbonne ; Musée d'art contemporain de Bordeaux ; Musée d'Art Contemporain, Sydney et Art Gallery of Ontario, Toronto jusqu'en 2000); « Cindy Sherman » à la Serpentine Gallery de Londres et au Scottish National Gallery of Modern Art (2003), et « Cindy Sherman: A Retrospective », Jeu de Paume, Paris (2006, puis au Kunsthaus Bregenz, en Autriche, au Louisiana Museum for Moderne Kunst, au Danemark, et au Martin-Gropius-Bau, Berlin jusqu'en 2007). Une rétrospective itinérante a ouvert ses portes en février 2012 au Museum of Modern Art, New York et est actuellement présentée au San Francisco Museum of Modern Art. Elle sera présentée ensuite au Walker Art Center, Minneapolis et au Dallas Museum of Art en Juin 2013.

www.gagosian.com

jeudi 4 octobre 2012

Katrien Van Hecke & Ingrid Verhoeven été 2013

à gauche la maman de Katrien porte la collection hiver 2011 (inspirée par Basquiat), au milieu Katrien porte la collection "Rust" été 2012 (avec de la rouille insérée dans le tissu) et à droite Ingrid porte son collier de la collection "Cloud"
L'une crée des vêtements, l'autre des bijoux, Katrien Van Hecke et Ingrid Verhoeven sont des créatrices belges mélangeant design et art. Leur processus de création ressemble à celui de plasticiennes et donne lieu à la réalisation de pièces uniques.




Ingrid Verhoeven a réalisé la collection Cloud à travers laquelle elle retranscrit dans des bijoux en argent et en papier l'univers des artistes, sculpteurs ou architectes qui l'inspirent (Isamu Noguchi, Eduardo Chillida, Constantin Brancusi, Anthony Caro, George Vantongerloo, Alexander Calder, Josef Hoffmann, Ettore Sottsass, Eileen Gray, le Corbusier, Gerrit Rietveld, Josef Albers, Egon Schiele,  Kandinsky et Matisse).

communiqué de presse :
Ingrid Verhoeven has translated her favorite modernistic paintings and her aspirations to experiment with unusual materials into a new line of jewellery: the CLOUD collection. In her design she has worked with paper and precious metals (paper-thin silver), thus creating a particular style and atmosphere. The result is light in weight and structure. 
DESIGN PROCESS 
I felt the urge to make necklaces but didn’t just want to make a pendant on a chain as you mostly see in the designs of colliers. I like my work to be more graphical. My examples I find in the arts, not so much in other jewellery. A year ago I found a book about Alchimia (Italian design, from the Eighties). This book shows images of cupboards from around 1940 that were repainted with paintings of Kandinsky. It was a first step to the development of the crazy furniture of -for example- Sottsass. This step -from Modernism to the Eighties design- really interested me. I wanted to do the same thing. Translate the feel of the arts to my own work. I have files at home with images of my favourite artists. I like for instance the work of a lot of sculptors; Isamu Noguchi, Eduardo Chillida, Constantin Brancusi, Anthony Caro, George Vantongerloo, Alexander Calder. I love Constructivism and also like architects like Josef Hoffmann, Ettore Sottsass, Eileen Gray, le Corbusier, Gerrit Rietveld. And then the painters! Josef Albers, Egon Schiele (his colours!), Kandinsky, and the cut outs of Matisse. I can go on forever, the list is long. In the first cloud collection the main example was Kandinsky, in the second cloud collection I realise that there is a hint of Eileen Gray in my silver pieces.





Katrien Van Hecke a travaillé avec des épices et des pigments sur la soie pour réaliser des impressions uniques.
(...) article en cours

katrien-van-hecke-collection-aw-2011
katrien-van-hecke-ete-2012
www.ingridverhoeven.com

mercredi 3 octobre 2012

fashion week Paris été 2013

3 shows spectaculaires : Gareth Pugh et son univers de science fiction gothique japonisan, Rick Owens (collection Island) avec son mur de nuages dégoulinant, ses muses pâles et transparentes aux coiffures sculpturales et enfin le défilé particulièrement graphique Louis Vuitton avec un Marc Jacobs inspiré par les damiers et Martine prend l'avion tant les modèles ressemblent à des petites poupées hôtesses de l'air.

jeudi 27 septembre 2012

Through an open window à l'Institut Néerlandais

Yinka Shonibare, The Pursuit, 2007.

communiqué de l'Institut :
L’Institut Néerlandais présente pour la première fois en France les meilleures œuvres de la Rabo Art Collection. Le titre de l’exposition Through an open window est évocateur, c’est à la fois inspiré par le nom d’une sculpture de Karel Appel dans la collection et un adage qui décrit comment la Rabo Art Collection aborde la création contemporaine. Constituer une collection d’art contemporain d’un niveau exceptionnel des différentes générations d’artistes néerlandais, telle était la vaste ambition de Rabobank lors de la définition de sa nouvelle politique, au milieu des années 90. En moins de quinze ans, le projet a abouti à une importante collection, mettant l’accent sur l’art conceptuel, l’engagement et la condition humaine. L'exposition montre les œuvres de 40 artistes de différentes générations, pays et courants artistiques. Sont présentés : Carel Visser, Robert Zandvliet, Jan Andriesse, Navid Nuur, Olafur Eliasson, stanley brouwn, Jan Schoonhoven, Marc Bijl, Folkert de Jong, Michael Raedecker, Karel Appel, Daan van Golden, Marlene Dumas, René Daniels, Yinka Shonibare, Berend Strik, Viviane Sassen, Marijke van Warmerdam, Harmen Brethouwer, William Kentridge, Rineke Dijkstra, Sigurdur Gudmundssen, Aernout Mik, Alicia Framis, Charlotte Schleiffert, Arjan van Helmond, Pablo Pijnappel, Saskia Olde Wolbers, Ger van Elk, Marina Abramovic, Uwe Laysiepen, Pieter Laurens Mol, Helen Verhoeven, Fernando Sánchez Castillo, Meschac Gaba, Hadassah Emmerich, Jacqueline Hassink, Fiona Tan, Desiree Dolron et Amalia Pica.

www.institutneerlandais.com
Yinka Shonibare

Camille Vivier, Veronesi rose, à la galerie 12 mail




La galerie 12mail présente jusqu'au 16 novembre les photos de Camille Vivier dans sa salle "vitrine" rue du mail. Il est toujours intéressant de revoir l'univers singulier de la photographe teinté de surréalisme et d'érotisme poétique.

extrait du communiqué :
Née à Paris en 1977, Camille Vivier a commencé la photo en tant qu’assistante pour le magazine Purple. Après des études aux Beaux-Arts de Grenoble et à la Saint Martins, elle se consacre entièrement à la photo et travaille à la fois dans le champ de l’art et celui de la mode. En 1998, elle gagne le prix photo du XIIème Festival de Hyères, en 2002 elle obtient une bourse de la Villa Médicis hors-les-murs. Elle a contribué à différents magazines : I-D, Dazed&Confused, Another Magazine, Numéro, Purple Fashion, Double, Grey, Crystallized, Ten, Self service… Elle collabore avec des marques telles que Stella McCartney, Martin Margiela, Cartier, Le Monde d’Hermès, Isabel Marant… Elle a exposé son travail en France dans différentes galeries et institutions comme le CAPC de Bordeaux (« Jean-Luc Blanc/Opéra rock »), l’espace Electra (« Le voyage intérieur »), Galerie Kamel Mennour, à la Maison Européenne de la Photographie (« Enquête d’identité »), lors des Rencontres d’Arles ainsi qu’à l’étranger.

www.12mail.fr

vendredi 21 septembre 2012

Alt-J, Fitzpleasure / Wim Delvoye



Wim Delvoye, Au Louvre

Hernan Bas, Thirty-six Unknown Poets, à la galerie Emmanuel Perrotin

Hernan Bas, Unknown poet #12
Galerie Emmanuel Perrotin, Paris. 
Hernan Bas, Unknown poet #13
Galerie Emmanuel Perrotin, Paris. 
Hernan Bas, Unknown poet #15
Galerie Emmanuel Perrotin, Paris.
Le peintre de Detroit Hernan Bas expose les portraits travaillés à la feuille d'or de 36 poètes maudits à la galerie Emmanuel Perrotin jusqu'au 27 octobre. Ses portraits sont accompagnés de trois paravents décoratifs.
— Extrait du communiqué de la galerie : Dans ses peintures, dessins et vidéos, Hernan Bas montre sa fascination pour la culture littéraire et artistique de la fin du XIXe siècle, ainsi que son intérêt pour l'histoire de la peinture. Les protagonistes de ses œuvres sont des jeunes hommes émaciés qui rappellent à la fois les figures neveuses d'Egon Schiele et les icônes de la mode contemporaine habitant un espace physique et mental où ils réinventent leurs identités.

www.perrotin.com

jeudi 13 septembre 2012

Klara Kristalova, Wild Thought, à la galerie Emmanuel Perrotin

Klara Kristalova, Thinker, 2012
Galerie Emmanuel Perrotin, Paris.
Klara Kristalova, The invisible, 2012
Galerie Emmanuel Perrotin, Paris.
Klara Kristalova, Dead hare, 2012
Galerie Emmanuel Perrotin, Paris.
La galerie Emmanuel Perrotin présente le travail de l'artiste Klara Kristalova à travers l'exposition Wild Thought jusqu'au 27 octobre. Les œuvres en céramique ou en bronze patiné de l'artiste suédoise nous projettent dans un univers fantastique saisissant parfois même angoissant. Une petite fille au visage effacé, un lièvre gisant, un petit garçon à la tête de sanglier. Cela ressemble a du cadavre exquis, poétique et inquiétant.

Klara Kristalova, Fishmarket, 2012
Galerie Emmanuel Perrotin, Paris.
photographies : Alice Benusiglio
Communiqué de la galerie :

L’artiste, née en 1967 dans l’ex-Tchécoslovaquie, a grandi à Stockholm ; après avoir étudié la peinture au Royal Institute of Art en Suède, elle se tourne notamment vers la céramique. Ses caractéristiques, ainsi que les possibilités concrètes de travailler rapidement le matériel tout en combinant des couleurs étonnantes à des formes tridimensionnelles, fascinent Klara Kristalova qui utilise la céramique pour créer un univers fantastique et parfois inquiétant. Comme l’explique l’artiste : « J’avais besoin de mon propre langage pour communiquer avec les autres. Un langage simple et évident qui en quelque sorte peut être universel.» 
L’univers de Kristalova, inspiré par l’imaginaire populaire de l’Europe du Nord, la tradition des contes de fées ainsi que par l’observation et la fréquentation directe de la nature, est peuplé de figures solitaires, souvent des jeunes filles ou d’animaux (lièvres, ânes, oiseaux, phalènes) et de chimères, à mi-chemin entre règne animal et végétal. Ces personnages, à la fois ingénus et étranges, évoluent dans un monde onirique, entre rêve et cauchemar. Plutôt que de mettre en scène des mythes ou de s’appuyer sur un symbolisme immédiat, l’artiste joue avec l’ambigüité et l’ambivalence de ses figures, suspendues entre innocence et danger, beauté et répulsion, attirance et peur. En effet, l’aspect gracieux et saisissant de ses sculptures, recouvertes d’un vernis brillant, rappellent le monde de l’enfance, nimbé d’une aura de mystère et d’étrangeté. Ses icônes (un homme à tête d’âne, des femmes-arbres, des jeunes filles au visage recouvert de papillons et d’oiseaux ou se noyant dans des flaques noires) issues de son inconscient, traduisent ses émotions et possèdent ainsi une puissance fascinante et impénétrable.

www.perrotin.com

vendredi 7 septembre 2012

Comme des Garçons, White Drama

White Drama, Comme des Garçons, collection été 2012, designer Rei Kawakubo

photgraphies Alice Bénusiglio
Découverte de la cité de la mode et du design, quai d'Austerlitz dans un lieu appelé "Les Docks", endroit vaguement branchouille voulant faire cohabiter culture, loisir et création , situé dans un bâtiment affreux que l'on doit aux architectes Jakob et Macfarlane. Honnêtement, cet espace est laid et manque de grâce. Pourtant, nous sommes au bord de la Seine, il y avait moyen de faire quelque chose de beau et d'agréable. L'exposition sur Balenciaga m'a tellement déplu au niveau de la scénographie que je n'ai pas pu apprécier le moindre vêtement, encastré dans des boîtes métalliques, éclairé au néon. Entasser autant d'habits dans un petit espace est absurde, on regrette le musée Galliera.

La deuxième exposition est consacrée à la collection printemps été 2012 intitulée White Drama de la créatrice japonaise Rei Kawakubo qui a créé la marque Comme des Garçons. Les vêtements sont présentés dans d'immenses bulles en plastique créant un effet cocon. Les commentaires sur la collection était succincts et parfois idiots ( "White Drama, c’est le blanc, pur, cérémonial et toutes ses nuances" non mais franchement !). Il n'était indiqué nulle part que les coiffures sculptées étaient de Katsuya Kamo et que cette collection faisait franchement penser à la collection printemps été 2009 toute blanche de Jun Takahashi pour Undercover intitulée Grace et dont les coiffures étaient également de Kamo.

Grace, Undercover, collection été 2009, designer Jun Takahashi






mardi 21 août 2012

SHIRIN NESHAT, THE BOOK OF KINGS

La galerie Jérôme de Noirmont présentera le travail de l'artiste iranienne Shirin Neshat du 12 septembre au 17 novembre 2012. L'exposition The book of Kings présentera ses toutes dernières œuvres : la nouvelle vidéo OverRuled (2012), tirée de la performance théâtrale qu’elle réalisa avec Shoja Azari en Novembre 2011 à New York dans le cadre du festival Performa 11, et la nouvelle série photographique The Book of Kings (2012), des portraits noir et blanc recouverts de textes et dessins calligraphiés, divisés en 3 groupes figurant the Masses, the Patriots, the Villains.
Shirin Neshat, Ibrahim, 2012
Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont
 
Shirin Neshat, Roja, 2012
Courtesy Galerie Jérôme de Noirmont
Communiqué de la galerie :

Le mérite et l’importance de la littérature et de la poésie sont bien connus.
Alors que la poésie peut être un outil précieux pour améliorer la vie publique,
elle peut aussi être trompeuse et nuisible.
La poésie doit être éducative et constructive.
Notre analyse minutieuse a prouvé la nature subversive et illicite de ces poèmes.

Ces propos extraits de la vidéo OverRuled illustrent bien la dimension atemporelle de ces nouvelles œuvres de l’artiste iranienne, à la fois contemporaine, en réaction aux récents événements du Printemps arabe et au mouvement de révolte iranien de 2009, et historique, cette vidéo figurant le procès d’un poète jugé pour blasphème par un juge et un jury de patriotes, à l’image de celui intenté au 10e siècle à Mansur Al-Hallaj.
La narration part d’une salle de tribunal où se situe un procès en accusation apparemment banal, évolue vers de profondes argumentations philosophiques qui ébranlent les fondements d’une loi théocratique pour finir sur la victoire triomphante de l’art et de l’imagination… Se visionnant à la fois comme une histoire du despotisme politico-religieux de l’Iran contemporain ou comme la retranscription du procès historique du poète persan Mansur Al-Hallaj condamné pour hérésie en l’an 922, OverRuled est une œuvre riche en métaphores qui explore les conditions sous-jacentes du pouvoir dans les structures socio-culturelles.
The Book of Kings, titre du nouveau corpus photographique présenté ici, qui donne son nom à l’exposition, procède lui aussi de cette équivoque temporelle et historique. Ce titre est en effet directement tiré du Shahnameh (« Livre des rois »), long et mythique poème persan écrit par le poète Ferdowsi entre l’an 977 et l’an 1010, qui narre en 60.000 vers l’histoire de l’Iran, de la création du monde jusqu’à la conquête islamique de la Perse au 7e siècle.

Trois groupes distincts composent cette série de photographies :
the Masses (« le peuple ») sont figurés par une soixantaine de portraits noir et blanc en plan resserré de visages de femmes et hommes iraniens, nous faisant face avec une expression neutre.
the Patriots (« les patriotes ») sont des portraits en buste de jeunes iraniens et iraniennes qui se présentent de face avec une main symboliquement posée sur le coeur. Leurs visages, parfois aussi leurs bras, sont recouverts de poèmes délicatement calligraphiés, extraits du Shahnameh ou de poèmes contemporains écrits par des auteurs ou prisonniers iraniens.
the Villains (« les bandits ») sont représentés eux par de grands portraits en pied d’hommes, assis ou debout, dont le visage, les bras et le torse nu sont entièrement calligraphiés. Outre des poèmes, les calligraphies sont ici composées aussi de dessins, des scènes épiques toujours extraites du Shahnameh dont l’artiste a emphasé la dimension dramatique en les redessinant à l’encre noire et en y introduisant la seule couleur rouge.
À nouveau dans cette série, Shirin Neshat utilise la calligraphie comme un moyen d’emphaser la valeur métaphorique de ses portraits. Tout en venant obscurcir ou à l’inverse illuminer les expressions faciales des sujets et leur intensité émotive, les fines écritures et dessins à l’encre créent un lien intime entre l’énergie actuelle de l’Iran contemporain (celle que figurent les sujets de ces portraits) et son passé mythique et historique (tel qu’il figure dans le Shahnameh).
Par l’application de la calligraphie sur les visages et corps comme par l’utilisation de contrastes noir et blanc très marqués, ce nouveau travail de Shirin Neshat nous remémore instinctivement sa première et mondialement célèbre série des Women of Allah. Pourtant, comme le souligne Abdee Kalantari dans le texte du catalogue qui accompagne l’exposition, il s’en distingue immédiatement par la finesse et la petite taille des écritures calligraphiées, presque illisibles, et surtout par l’absence de tout symbolique religieuse manifeste. L’artiste veut en effet nous emmener ici dans une dimension qui n’est plus celle de l’immédiat, mais celle d’une perspective historique, plus universelle, au-delà de tout clivage conjoncturel.
Depuis ses débuts, l’œuvre de Shirin Neshat confronte ces paradoxes apparents que forment le masculin et le féminin, la jeunesse et la vieillesse, le passé et le présent, le pouvoir et la soumission, le noir et le blanc, la lumière et les ténèbres, la joie et la détresse… Autrefois très tranchée comme l’illustrait si bien la vidéo Turbulent qui valut à l’artiste de remporter le Prix International de la Biennale de Venise en 1999, cette confrontation s’exprime aujourd’hui d’une manière volontairement plus confuse, en réponse à la complexité de la situation socio-politico-religieuse actuelle en Iran et dans le monde musulman, fruit d’une histoire longue et compliquée.
Aujourd’hui plus que jamais, la force de l’art de Shirin Neshat ne se trouve pas dans l’impact instantané d’images choc comme dans ses premières oeuvres vidéo et photo, mais dans le lyrisme sans cesse croissant de ses concepts et de ses images. Fixes ou filmées, dénuées de tout artifice autre que les calligraphies, ces images tirent toute leur force d’expression de leur richesse métaphorique.

samedi 18 août 2012

Jiří Trnka, The hand

Avec l'affaire des Pussy Riot, on s'aperçoit que le film d'animation The hand de Jiří Trnka est toujours d'actualité

mercredi 8 août 2012

Adieu Anna Piaggi

Photo: David Bailey for Another Magazine / Courtesy of Victoria and Albert Museum
Photo: Renato Grignaschi / Courtesy of  Vogue Italia(with Lagerfeld); Karl Lagerfeld / Courtesy of the Victoria and Albert Museum (Illustration) 
Photo: Wayne Stambler / Courtesy of the Victoria and Albert Museum
Une figure de la mode s'est éteinte, Anna Piaggi, divine excentrique et ancienne rédactrice en chef du Vogue Italien. Photographies : diaporama Style.com
"Figure incontournable des Fashion Weeks, l'excentrique rédactrice mode italienne s'est éteinte ce mardi 7 août à l'âge de 81 ans. Née en 1931 à Milan, Anna Piaggi laisse derrière elle bien plus qu'une poignée de souvenirs, c'est une page de la mode qui se tourne. Une page qu'elle a écrit chaque jour depuis les années 70, jusqu'à la transformer en un spectacle éclatant de couleurs vives. Mariée au photographe italien Alfa Castaldi, elle a d'abord fait ses armes chez Arianna, avant de lancer le projet Vanity Fair et de signer les doubles pages mode du Vogue Italia. Amie des grands couturiers, Anna Piaggi confiait à Stephen Jones le soin de confectionner ses chapeaux quand Karl Lagerfeld louait son amitié dans un livre qui lui était consacré sous le nom"Anna-chroniques". Une fabuleuse collection de vêtements qui avait fait l'objet d'une rétrospective en 2006 au Victoria & Albert Museum de Londres sous le titre: "Anna Piaggi, Fashion-ology" et que l'on peut aujourd'hui retrouver intacte dans le livre "Algèbre de la mode", publié en 1998 par Anna Piaggi aux éditions Thames & Hudson."
Anne Sophie-Mallard sur Vogue.com

dimanche 5 août 2012

Le nouveau logo Saint Laurent

Saint Laurent Paris, Hedi Slimane
Hier, un ami m'appelle pour me dire que mon commentaire facebook à propos du nouveau logo Saint Laurent est cité dans un article de l'Express Styles. Ce commentaire portait sur la nouvelle image de la marque Yves Saint Laurent, rebaptisée Saint Laurent Paris :
Ouh la typographie est laide ! le monogramme de Cassandre est tellement parfait que pour retoucher l'image de marque d'YSL il faut quelque chose d'exceptionnel, mais pas ça : un remake des années 60 fait n'importe comment ! je suis typographe, ça me fait mal de voir cela ! La marque YSL est synonyme d'excellence, de créativité, de culture et de bon goût, on ne retrouve aucune de ces qualités dans ce nouveau logo.
Ma remarque est lapidaire mais fondée, je vais donc étayer mon propos précisément. Il ne s'agit pas de ma part d'un simple "emportement" comme le dit Géraldine Dormoy dans son article mais finalement d'un constat plus alarmant : le manque flagrant de culture graphique et typographique, le diktat systématique d'une stratégie marketing absurde au détriment de la conception graphique.

Par ailleurs, je tiens à rassurer la journaliste, j'ai fait le deuil du couturier Yves Saint Laurent sans soucis, le sujet n'est pas là. J'ai même été ravie d'apprendre au mois de mars la nomination officielle d'Hedi Slimane comme directeur artistique de la marque. Je respecte profondément le travail de ce créateur de génie, sa vision avant-gardiste, ainsi que ses photographies noir et blanc inégalables que je regarde régulièrement sur son site Hedi Slimane Diary. Cependant une chose est sûre, Hedi Slimane n'est ni graphiste ni typographe, il ne possède pas toutes les compétences. Le graphisme n'est pas une histoire de goût et de couleur, c'est un métier, un savoir-faire, une culture.

Dans le numéro de VOGUE du mois d'août, à la question d'Olivier Lalanne :
— Vous souhaitez rebaptiser le prêt-à-porter "Saint Laurent Paris". Pourquoi cette redéfinition ?
Hedi Slimane répond : Cela se posait comme une évidence, alors qu'il me semblait incontournable de retrouver une forme d'orthodoxie pour le prêt-à-porter de luxe d'Yves Saint Laurent. Je souhaitais revenir à l'esprit et aux intentions qui semblaient prévaloir à la création historique du prêt-à-porter d'Yves Saint Laurent, en 1966. Pour sa première boutique au 21 de la rue de Tournon, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé baptisaient leur prêt-à-porter naissant Saint Laurent Rive Gauche, contrepoint de la haute couture sous le label Yves Saint Laurent. Il est du reste utile de rappeler le contexte, les revendications et l'avènement de la jeunesse, l'expression de toutes formes de liberté. Le graphisme moderniste de Saint Laurent Rive Gauche, le concept architectural d'Isabelle Hebey se démarquaient ainsi du ton de la couture et de sa clientèle compassée. Cette nouvelle ligne semblait volontairement essentielle, engagée, et instinctivement dans son époque. Il faisait sens aujourd'hui de transposer ces principes, retrouver le nom et la typographie d'origine. Enfin, l'appellation Rive Gauche a dans le passé disparu, puis refait surface de nombreuses fois. Elle semble intrinsèque à l'univers d'Yves Saint Laurent, sans qu'il soit aujourd'hui utile de s'y référer littéralement. Nous sommes donc allés à l'essentiel, un nom qui s'écrit comme il se dit au quotidien : Saint Laurent, sans équivoque. Naturellement, cette ligne qui renaît aujourd'hui s'accompagne comme à l'origine du logo mythique dessiné par Cassandre.


Les arguments du créateur ne tiennent pas debout.

Commençons par le nom Saint Laurent Paris :
Je comprends qu'Hedi Slimane veuille faire renaître la marque Saint Laurent Rive Gauche, première marque de prêt-à-porter de luxe. Celle-ci était effectivement révolutionnaire. La haute couture s'adressant à une clientèle riche mais restreinte, Yves Saint Laurent voulait pouvoir habiller la bourgeoise parisienne chic et bohème. En faisant une ligne de prêt-à-porter, il réduisait les coûts tout en produisant des vêtements en série de très bonne qualité. Il démocratisait la couture en la faisant sortir des salons, la rendant accessible à une clientèle ayant soif d'élégance sans avoir la possibilité de s'offrir de la haute couture. A travers le label Saint-Laurent Rive Gauche rejaillit également toute l'histoire liée à la rive gauche. Sur cette rive se sont regroupés les intellectuels et les artistes principalement dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés.
Changer le nom Saint-Laurent Rive Gauche en Saint Laurent Paris n'a aucun sens. La Rive Gauche n'est justement pas Paris, son histoire la distingue. Saint Laurent ajouté à Paris, c'est tout simplement grotesque, cela fait penser à toutes ces marques de luxe qui veulent faire chic en ajoutant "Paris" en capitales sous leur nom. Par ailleurs, les noms mythiques Saint Laurent comme Chanel sont de toute évidence associés à un style typiquement parisien, il est donc parfaitement inutile d'ajouter Paris.

Quant au graphisme :
Le graphisme datant du milieu des années 60 de Saint Laurent Rive Gauche n'est pas moderniste. Il est même assez décevant, la typographie linéale à la mode a été utilisée : l'helvetica (tout le monde l'utilisait à l'époque), l'approche des lettres a été diminuée de sorte que les lettres se touchent par endroit, deux carrés ont été ajoutés, l'un sous le "S" de Saint Laurent et l'autre entre "Saint" et "Laurent" comme pour faire un lien. C'est assez bizarre comme effet et l'on peut dire que ce logo Saint Laurent a bien mal vieilli. Vouloir reprendre ce signe aujourd'hui est une mauvaise idée.
En revanche le monogramme et le logo Yves Saint Laurent n'ont pas pris une ride. Ils ont été dessinés par Cassandre, affichiste et typographe ayant travaillé pour la fameuse fonderie Deberny et Peignot pour laquelle il a dessiné de très beaux caractères comme Le Bifur, l'Acier ou en encore le Peignot. Ce signe est fort, intemporel et immuable. Il marque les esprits.

Associer un vieux logo en helvetica, une typographie impersonnelle qui s'inscrit dans la tradition du graphisme suisse au style international à la signature parfaite de Cassandre, du sur mesure à la hauteur de la maison Saint Laurent démontrent un manque de culture et de savoir-faire.
Rappelons que l'helvetica est utilisée par les marques Panasonic, Laurastar, 3M, American Airlines, Lufthansa, Jeep, Toyota, Orange, Saab, Tupperware, Apple, de nombreuses gares et aéroports l'utilisent pour leur signalétique. Elle n'est en aucun cas la typographie d'origine de la marque Yves Saint Laurent. L'utilisation d'une telle typographie pour une maison de couture et de prêt-à-porter de luxe est inappropriée.

La typographie est un univers riche et complexe lié à l'évolution des écritures et des techniques d'impression. Les formes des lettres ont une signification. Chaque typographie a son histoire. Que monsieur Hedi Slimane veuille revenir à l'origine de la marque Saint Laurent Rive Gauche, mais pourquoi pas ! mais qu'il respecte les valeurs de cette marque et son histoire ! Ce n'est pas en recopiant maladroitement un vieux logo des années 60 qu'il transpose les valeurs de la maison. Il ne modernise pas l'image de marque, il la dégrade. S'il veut créer un nouveau signe pour faire renaître la ligne Saint Laurent Rive Gauche, ceci nécessite une création graphique à la hauteur.

Alice Bénusiglio

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