samedi 20 août 2022

Des choses qui se dansent, le récit de Germain Louvet



Des choses qui se dansent est un récit ciselé, vibrant, espiègle et par moment révolté. Le livre démarre magistralement par la description de cette soirée unique, le 28 décembre 2016, lors de laquelle Germain Louvet est promu étoile, le grade suprême pour un danseur appartenant à la compagnie très hiérarchisée de l’Opéra de Paris. Malgré son titre, Germain garde les pieds sur terre : “Je ne danse pas mieux que la veille, je n’ai pas changé. Je dois soigner les mêmes défauts, profiter des mêmes qualités, accepter celui que j’étais hier et que je suis toujours aujourd’hui, étoile ou pas.”
Le récit se poursuit sur celui qu’il était hier, une crotte de chèvre de Russilly qui deviendra rapidement petit rat. Le ton est donné.

Profondément attaché à son enfance qu’il cultive encore aujourd’hui, Germain va y puiser une forme de curiosité, de liberté et d’insouciance. Le trac ne semble pas trop le déranger. La scène est pour lui un refuge, un grand terrain de jeu sur lequel il ne manque jamais d’assurance malgré quelques rôles de mâles viriles, hétérosexuels et machos qui ne correspondent pas à ce qu’il est dans la vie : un homme homosexuel, courtois et joyeux, plutôt androgyne. Certains grands ballets classiques véhiculent encore aujourd’hui des mœurs rétrogrades, colonialistes, racistes et paternalistes qui l’indisposent. Il a fallu attendre l’année 2015 pour que le directeur de la danse Benjamin Millepied décide de renommer le rôle des négrillons en enfants de l’idole dorée dans le somptueux ballet La Bayadère et bannisse une bonne fois pour toute le blackface. Quand il était petit rat, le danseur a subi cette pratique honteuse en étant grossièrement maquillé “Mes traits sont appuyés au crayon noir, mes lèvres sont peintes en rouge et la couleur en dépasse délibérément les contours afin qu’elles paraissent plus charnues”.

Malgré certains aspects qui le révoltent, Germain Louvet semble être un danseur étoile épanoui au sein de cette institution qu’il appelle sa seconde maison. Tout comme son ami Hugo Marchand, il dépoussière l’image de l’Opéra et souhaite que la danse se démocratise en touchant un plus large public, notamment en proposant que le ballet sorte de son bel écrin pour partir en tournée à travers le pays.



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