jeudi 23 février 2012

Ai Weiwei, l'artiste dissident chinois qui ne se taira pas



Sachant se faire entendre sur internet (twitter) et dans la presse étrangère, Ai Weiwei est un artiste complexe (artiste, photographe, bloggeur, architecte) et une personnalité obstinée, menée à rude épreuve par les autorités chinoises qui ne peuvent le contraindre à se taire malgré une détention de 81 jours au printemps dernier, la censure de son blog en 2009, l'amende de 15 millions de yuans, les intimidations en tout genre et l'assignation à résidence en banlieue de Pékin munie de deux caméras de surveillance. L'artiste diffuse sa vision de la vie à travers son art, dénonce la corruption comme un système d'état, crée et résiste quoiqu'il arrive.

Invité spécial de Libération
Ai Weiwei était l'invité spécial du journal Libération mardi 21 février, une grande interview, des articles et des tweet parsèment le journal. En double page centrale, une photo de crabes symbolisant à la fois la censure et "la société harmonieuse" désirée par les autorités chinoises. Double sens paradoxale et ironique.

Entrelacs au Jeu de Paume

Une grande rétrospective intitulée Entrelacs au Jeu de Paume est consacrée à Ai Weiwei, elle a lieu du 21 février au 29 avril 2012. — Communiqué de l'exposition :

Au début des années 1980, Ai Weiwei (Pékin, 1957) choisit New York comme terrain d’expression, y photographiant quotidiennement le monde qui l’entoure. Il poursuit cette pratique à Pékin, où il revient en 1993, montrant les multiples aspects de la réalité urbaine et sociale de la Chine. Ses photographies témoignent du capitalisme anarchique qui se développe dans son pays et des contradictions de la modernité. Tout à la fois architecte, sculpteur, photographe, blogueur et adepte des nouveaux médias, Ai Weiwei devient rapidement l’un des artistes majeurs de la scène artistique indépendante chinoise, produisant une œuvre prolifique, iconoclaste et provocatrice.

Ai Weiwei est un artiste généraliste et un critique social qui a entrepris de faire bouger la réalité et de contribuer à la façonner. C’est un observateur perspicace des enjeux et des problèmes sociétaux d’aujourd’hui, un grand partisan de la communication et des réseaux, et un artiste qui sait introduire de la vie dans l’art et de l’art dans la vie. Il aborde de front la question des conditions sociales en Chine et dans d’autres pays en livrant son témoignage sur les bouleversements que subit Pékin au nom du progrès, en adoptant dans ses Études de perspective une attitude irrespectueuse à l’égard des valeurs établies ou en rompant avec le passé dans des oeuvres composées de vieux meubles trouvés. L’idée qui le guide reste la même : libérer les potentiels dans le présent et pour l’avenir, affirmer ses positions grâce aux dizaines de milliers de photos et de textes diffusés sur son blog ou par le biais de Twitter.

“Ai Weiwei : Entrelacs” est la première grande exposition en France consacrée à cet artiste et homme de communication qui observe l’état du monde, l’analyse et tisse des liens avec ses semblables par de multiples canaux. L’exposition, qui présente également des vidéos de l’artiste, est centrée sur les photographies d’Ai Weiwei : celles par lesquelles il rend compte des mutations profondes du paysage urbain de son pays ; celles aussi qui relèvent d’une démarche plus artistique : le Conte de fées pour la documenta de Cassel et les innombrables photos numériques diffusées sur son blog ou à l’aide de son téléphone portable.
Par la richesse de son iconographie, cette exposition consacrée à Ai Weiwei tend à montrer la diversité et la complexité du personnage et sa manière d’être constamment en relation avec le monde. D’où cette idée d’entrelacs, de liens qui ne cessent de se tisser par-delà les frontières et les obstacles en tout genre.
Placé en détention le 3 avril 2011 par les autorités chinoises, libéré sous caution le 22 juin 2011, il est, à ce jour, toujours interdit de sortie du territoire.

Commissaire : Urs Stahel

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