L'ombre du fou rire est le titre parfaitement approprié de la première exposition majeure consacrée à l'artiste chinois Yue Minjun en Europe. " Revisitant les codes du grotesque par une iconographie haute en couleur et hantée de personnages au rire énigmatique, son œuvre porte un regard ironique et désabusé sur le contexte social et politique de la Chine contemporaine et sur la condition humaine dans le monde moderne. (...) l’exposition dévoile l’esthétique singulière et complexe d’une œuvre qui se dérobe à toute interprétation."
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Portrait de Yue Minjun dans son studio, Pékin, mai 2007
© Yue Minjun, Photo courtesy Yue Minjun Studio
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Biographie du communiqué de presse :
Né en 1962 à Daqing, dans la province du Hei Long Jiang en
Chine, Yue Minjun peint d’abord en amateur, avant de partir
étudier l’art en 1985 à l’école normale de la province du Hebei.
C’est dans la communauté d’artistes du village du Yuanmingyuan,
près de Pékin, au début des années 1990, qu’il commence
à définir son style et trouve le sujet qui deviendra
omniprésent dans ses toiles : le rire. Au même moment se
développe le « réalisme cynique », un courant artistique qui
se caractérise par un désenchantement face aux mutations
socio-politiques de la Chine et dont Yue Minjun a souvent été
considéré comme l’un des principaux représentants.
Ainsi, les visages peints ou sculptés qui parcourent l’oeuvre
de Yue Minjun, la bouche béante et les yeux fermés dans
un éclat de rire, peuvent-ils être vus comme une caricature
de l’uniformisation de la société chinoise, un moyen de survivre
dans un monde devenu absurde ou une simple forme
d’autodérision. D’abord inspirés des amis de l’artiste puis se
fondant peu à peu dans un seul et même visage – celui de
Yue Minjun –, ces portraits se révèlent être dans le même
temps une source inépuisable de possibles graphiques, les
mêmes personnages aux traits immuables et stylisés occupant
seuls la toile ou se démultipliant à l’infini.
Après une participation remarquée à la 48e Biennale
de Venise en 1999, Yue Minjun acquiert une renommée
internationale. Ses oeuvres connaissent alors un véritable
engouement sur le marché de l’art contemporain et entrent
dans de nombreux musées et collections du monde entier.
Dans les années 2000, Yue Minjun nourrit son style, immédiatement
reconnaissable, de multiples influences et développe
de nouvelles séries comme celles des labyrinthes,
des
Re-portraits ou, plus récemment, des
Overlappings.
Aujourd’hui, il poursuit son activité dans son studio près
de Pékin et est considéré comme l’un des artistes les plus
influents de sa génération.
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Yue Minjun, Freedom Leading the People, 1995-1996
M+Sigg Collection |
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Yue Minjun, The Massacre at Chios, 1994
Collection privée |
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Yue Minjun, The Execution, 1995
Collection privée
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Yue Minjun porte un regard assérré sur la Chine d'aujourd'hui et son histoire. En parcourant l'exposition, on s'aperçoit que ce rire idiomatique omniprésent dans ses tableaux semble contraint et symbolise un cri d'impuissance douloureux. Plus qu'une ombre au fou-rire, c'est un profond malaise qui se dégage de cette œuvre complexe, implacable et tourmentée.
YUE MINJUN, L'ombre du fou rire
jusqu'au 17 mars 2013
Fondation Cartier pour l'art contemporain
261, bd Raspail, 75 014 Paris
Communiqué de l'exposition