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Aya Takano, Guardian of the World in Two Hundred Years, 2017
©Aya Takano/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved. Courtesy Galerie Perrotin Paris |
La galerie Perrotin présente les peintures oniriques et étranges d’Aya Takano à travers l’exposition The Jelly Civilization Chronicle. Entre rêve et chaos, l’artiste représente un univers complexe et tourmenté. De la destruction liée au tsunami, émerge la renaissance foisonnante d’un monde meilleur respectueux de la nature et de la vie.
Peintre, dessinatrice, auteure de science-fiction et de manga, Aya Takano
fait partie de Kaikai Kiki, le studio de production artistique créé en
2001 par Takashi Murakami. Inspirée par tous les arts, des estampes
érotiques de la période Edo à l’impressionnisme, d’Ozamu Tezuka à
Gustav Klimt, l’artiste a construit un univers qui lui est propre. Un univers
fait d’une infinité de mondes, comme autant de moyens de s’échapper
de la réalité, de la gravité et de ses contraintes, pour atteindre une
certaine forme de transcendance envisagée dès le plus jeune âge :
« Lorsque j’étais enfant, je rêvassais tout le temps, je vivais dans mon
imagination, grâce à la lecture des livres et des mangas. Je détestais
le design de la plupart des machines et des immeubles ; je les déteste
encore aujourd’hui… J’aspirais à la liberté de l’esprit, et en ce sens, j’étais
très différente des autres. J’aimerais être comme cela aujourd’hui,
mais je n’en suis plus capable… »
L’exposition
The Jelly Civilization Chronicle présente une sélection de 26 peintures et plusieurs dessins
sur celluloïd, œuvres préparatoires à un manga de 186 pages.
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Aya Takano, Encounter, 2017 |
Le manga met en scène les aventures de Naki et Minaka dans un
voyage allant de la “Machine Civilization” à la “Jelly Civilization”. Dans
un aller-retour entre les époques et les espaces, les deux personnages
se retrouvent dans le ciel jusqu’aux confins de l’univers, au fil de lieux
inexplorés ou de planètes aux pouvoirs magiques inconnus... Habillés
d’abord de l’emblématique uniforme de lycée, ils sont parfois nus,
revêtent tour à tour des kimonos traditionnels ou des habits oniriques
faits d’une mystérieuse gelée, organisme vivant qui se nourrit d’eau et
d’oxygène. Entourés de créatures étonnantes, ils sont accompagnés
de leurs ancêtres, représentés sous la forme d’animaux, apprennent
les informations des astres, côtoient une reine au masque de hibou et
des êtres à la peau tatouée d’étoiles.
Sur les ruines d’un réacteur nucléaire, après de multiples épreuves et
métamorphoses, les héros retrouvent la société de paix qui était la leur, la
“Jelly Civilization”, où se combinent la tradition, le souvenir et l’éternité:
« La
mémoire de tous ceux qui portent de la “gelée”, la mémoire de toute la
“gelée”, la mémoire de ce qui est en train de se passer, et de ce qui pourrait
se passer… » Ainsi naît le fruit d’une imagination qui se nourrit d’elle-même,
pleine de toutes les possibilités de l’illusion, tel un lieu idéal, aux frontières
du rêve et du désir :
« cet endroit est omniprésent, explique Aya Takano.
Il est en nous et partout ailleurs. » The Jelly Civilization Chronicle fut un
vrai défi pour l’artiste, qui eut à cœur d’y exprimer l’histoire récente du
Japon, comme d’y cristalliser pour la première fois ses angoisses et ses
obsessions: un an de travail fut nécessaire pour élaborer cette œuvre
inédite et ambitieuse, présentée pour la première fois à Paris, à la Galerie
Perrotin.
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Aya Takano, The Galaxy Inside, 2015 |
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Aya Takano, A City of Jelly and Hatafutame, 2017 |
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Aya Takano, The Adventure Inside, 2017 |
Discussion avec Aya Takano en 2009 (deux ans avant l’accident de Fukushima):
Malgré le chaos et l’adversité dans vos œuvres, il y a toujours la vie qui grouille, surgissant quoiqu’il arrive, avec des survivants, des animaux…
L’homme va peut-être périr, cela arrivera peut-être un jour. Mais je crois en la force de la nature et de la vie qui resurgira plus tard.
N’est-ce pas aussi le propos de cette exposition Toward Eternity ?
Je ne sais pas si cela a un lien. Mais c’est vrai que je cherche toujours l’éternité, la renaissance, le renouvellement dans mon travail.
http://aliceaupaysdesarts.blogspot.fr/2009/12/aya-takano-from-here-to-eternity.html
http://aliceaupaysdesarts.blogspot.fr/2012/07/aya-takano-to-lose-is-to-gain.html