dimanche 29 juillet 2018
Un gentleman ottoman, Victor Eskenazi
Cette autobiographie peu ordinaire retrace la vie, ou plutôt les vies de Victor Eskenazi, juif sépharade originaire de Constantinople, devenu entre autres, vendeur de tapis à Milan, agent secret britannique pendant la seconde guerre mondiale puis antiquaire. Ce livre délicieusement écrit est un voyage qui vous fera apprécier les saveurs de Constantinople, Vienne, Milan, Londres, le Cap, Le Caire, etc.
Victor Eskenazi était un hypersensible à l’art, amoureux des beaux objets exotiques anciens dans lesquels il a baigné depuis qu’il est petit, capable de fondre en larmes devant un magnifique Bouddha de la période Gupta. La description de la collection de son oncle, ses rencontres avec certains objets et certaines œuvres nous transmettent l’émerveillement qu’a ressenti l’auteur.
Voici quelques extraits :
“Dès l’enfance, j’avais nourri un intérêt particulier, peut-être atavique, pour les objets d’art et de la curiosité pour les circonstances dans lesquelles ils avaient été créés. Notre appartement regorgeait d’objets et de tapis hérités ou réunis par mon oncle, collectionneur comme de nombreux médecins qui tentaient de cette façon d’oublier un peu la réalité la plus triste et la plus impitoyable de l’existence.”
“L’étude des tapis anciens me conduisit peu à peu vers l’art oriental. C’était aussi, je crois, un hommage, aux magnifiques objets d’antiquité parmi lesquels j’avais grandi. La soif d’apprendre ne s’amenuise jamais, surtout quand il vous est donné de revivre l’histoire à travers la vision et le contact des objets d’art.”
“La faculté d’identifier un objet d’art est, pour l’antiquaire, l’un des aspects les plus intéressants de son métier. C’est le couronnement de son expérience, de ses études, c’est la satisfaction d’avoir résolu un difficile problème. À sa sensibilité visuelle s’ajoute bientôt une sensibilité tactile. On ne peut connaître un objet sans le toucher, sans pouvoir sentir son poli, sa patine, son velouté. Les doigts sont le prolongement tactile des yeux, ils font écho à la connaissance.”
“Les êtres qui n’éprouvent pas un frémissement de joie en présence d’une véritable œuvre d’art et qui ne s’émeuvent pas quand ils sentent sur leur peau le souffle créateur de l’artiste, l’inspiration divine qui est à la base de l’œuvre immortelle, ne jouissent pas pleinement des dons offerts par une nature qui n’est pas toujours ingrate.”
Ce livre jouissif est préfacé par le fils de l’auteur, John Eskenazi, lui aussi devenu antiquaire.
www.john-eskenazi.com
vendredi 6 juillet 2018
François Rappo à TypeParis
Les poinçons Didot |
Typographie Didot Elder |
Genath |
Dernière typographie revival : Jean Jannon |
Mercredi dernier l’enseignant et typographe suisse François Rappo a présenté ses sources d’inspiration, sa conception de la création typographique et ses caractères Didot Elder, Genath, Plain, Theinhardt, Jannon. Une vision transversale du graphisme toujours tournée vers l’expérimentation et ce qui se fera demain.
Optimo Type Foundry
TypeParis
Hansje van Halem à TypeParis
Jean-François Porchez et son équipe de Typofonderie organisent depuis 2015 une formation pour apprendre à concevoir un caractère et un cycle de conférences intitulé TYPEPARIS. Les intervenants sont prestigieux et viennent du monde entier. Nous avons pu voir notamment les typographes Jeremy Tankard, Peter Bilak, Stéphane Elbaz ou encore François Rappo. L’année dernière une conférence spéciale présentait la jeune génération avec les travaux prometteurs de Mathieu Réguer et Roxane Gataud.
Mercredi dernier nous avons pu découvrir le travail chatoyant de la graphiste hollandaise Hansje van Halem, à la frontière de l’art cinétique. La graphiste se passionne pour les trames, les motifs, les illusions d’optique et l’animation des lettrages.
Hansje van Halem
Typofonderie
TypeParis
samedi 16 juin 2018
Quand la street dance de Brookling s’invite à la Villette à travers FlexN
Photographie Clémentine Crochet |
Bien plus qu’une danse de rue, le flex est une culture dont Reggie Gray est le pionnier.
Émule du style Bruk up né en Jamaïque, le flex débarque à East New York (Brooklyn) au début des années 1990 où il rencontre Reggie « Regg Roc » Gray, l’inventeur de la technique du pauzin'. Gray s’impose dès lors comme le pionnier de la culture flex sur le continent américain. En 2015, il croise la route de Peter Sellars et ils créent ensemble un spectacle explorant l’amour et la justice, à travers de puissants récits personnels et les techniques virtuoses du flex. Devant les sculptures lumineuses de Ben Zamora, habitué des collaborations prestigieuses (Bill Viola, Olson Kundig Architects, Peter Sellars…) quinze danseurs tissent autour de Flexn un récit ancré dans le vocabulaire de la danse post-moderne.
Lexique du Flexing
Flexn
Créé par Rocky et Sandra Cummings, le terme est issu de Flex N Brooklyn, un show télévisé du début des années 1990 qui a introduit les mouvements du flexing au grand public.
Dancehall
Genre musical populaire jamaïcain né à la fin des années 1970, il s’agit d’une variante plus rythmée du reggae original qui avait dominé les années 1970.
Pauzin' (pionnier : Regg Roc)
Style qui alterne mouvements de danse rapides et de pauses. Le danseur exagère les différents effets de mouvements et y intègre des pauses appuyées.
Bone-Breaking
Comme son nom l’indique, ce style donne l’illusion que les os du danseur se brisent. Le pionnier du genre est Nugget.
Gliding
Style basé sur le concept et l’illusion d’« air – walking », du glissement et du flottement par le biais de différentes postures, positions de pieds, mouvements du corps et gestes des mains. Le pionnier est Brian.
Waving
Lorsque que le corps du danseur, tout ou partie, ondule comme une vague allant d’un point vers un autre. Modd : Expression utilisée pour décrire une figure ou un mouvement spectaculaire : "that’s modd" ou "goin’ modd".
REGGIE GRAY SUR LES CHAPEAUX DE RUE
jeudi 25 janvier 2018
Familie Flöz dans Hotel Paradiso
Bienvenue dans l’univers burlesque et déjanté de la Familie Flöz dans Hotel Paradiso actuellement au théâtre Bobino. Cette pièce de théâtre inclassable, pleine d’humour et de poésie ravira les petits comme les grands à travers une série de gags et de péripéties rocambolesques situés dans une pension familiale à la montagne. La performance des acteurs est remarquable car ils jouent masqués une pièce sans dialogue en faisant transparaître toutes les émotions possibles. À la fois clownesque et poétique, un peu comme du Jacques Tati bien pimenté, cette comédie vire rapidement au thriller. À découvrir absolument pour rire et passer un excellent moment !
La Familie Flöz est interprétée magistralement par : Anna Kistel ou Marina Rodriguez Llorente, Sebastian Kautz, Daniel Matheus, Nicolas Witte jusqu’au 4 février au théâtre Bobino.
La Familie Flöz est interprétée magistralement par : Anna Kistel ou Marina Rodriguez Llorente, Sebastian Kautz, Daniel Matheus, Nicolas Witte jusqu’au 4 février au théâtre Bobino.
vendredi 15 décembre 2017
Bosch Dreams, Les 7 doigts de la main
Photographies Abraham Per Mortensen |
Pour rendre hommage aux 500 ans de la mort de Jérôme Bosch, les circassiens québécois des 7 doigts de la main et le théâtre République du Danemark ont imaginé et coproduit un projet extraordinaire. Bosch Dreams fait dialoguer le peintre du Moyen-Âge avec Dalí et Jim Morrisson. Pour raviver la mémoire du peintre, le collectif a fait appel au vidéaste Ange Potier qui crée les costumes et signe des animations inouïes se fondant avec les acrobaties des artistes. Sur scène, sept complices interprètent vingt-quatre personnages, dont quelques célébrités très identifiables. Le tout est empreint d’une poésie folle, d’une grande maîtrise technique et se répand en débauche de beauté.
Ci-dessous le film d’animation El Bosque d’Ange Potier, l’univers du film est similaire à l’ambiance onirique du spectacle :
Le spectacle Bosch Dreams est visible jusqu’au 17 décembre à la Villette. Extrait du spectacle sur http://7doigts.com/spectacles/creations/bosch-dreams#!
vendredi 6 octobre 2017
Klara Kristalova, Camouflage à la galerie Perrotin
Vues de l’exposition Klara Kristalova à la galerie Perrotin Paris |
Derniers jours pour plonger dans l’univers onirique de Klara Kristalova à la galerie Perrotin mêlant sculptures en grès émaillé, végétaux et dessins à l’encre. L’exposition Camouflage s’achèvera samedi 7 octobre.
Vues de l’exposition Klara Kristalova à la galerie Perrotin Paris Photographies Alice Bénusiglio |
samedi 10 juin 2017
Mon esperluette pour la fonderie Velvetyne et la maison d’édition –zeug
Esperluette dessinée par Alice Benusiglio en hommage à Alais de Beaulieu |
L’esperluette ou esperluète (nom féminin), également appelée perluette, perluète ou « et » commercial, désigne le logogramme &. Elle résulte de la ligature des lettres de la conjonction de coordination « et » et possède la même signification. (cf.wikipédia)
Voici mon esperluette suite à l’appel à contribution mondial lancé par la fonderie Velvetyne et la maison d’édition -zeug. La collection est visible sur Velvetyne's Worldwide ampersand call et réunit 450 esperluettes, 288 d’entre elles feront l’objet d’une publication aux éditions -zeug, en compagnon de l’ouvrage Évolutions formelles de l’esperluette de Jan Tschichold (septembre 2017). Cette collection sera également publiée sous forme de typographie libre chez VTF. Ce projet créatif et ludique, ouvert aux amateurs et aux professionnels met en lumière la grande diversité de formes que l’on peut créer à partir d’un signe.
En travaillant sur les écritures du XVIIe siècle, je me suis intéressée à l’écriture bâtarde qui incarne l’âge d’or de la calligraphie française. Cette écriture est admirablement écrite et décrite par Alais de Beaulieu dans l’Art d’écrire. Mon esperluette reprend la forme typique de « l’Alfabet Bâtard » de Jean-Baptiste Alais de Beaulieu de 1680.
http://www.zeug.fr/info/
http://velvetyne.fr/
http://alicebenusiglio.com/
lundi 1 mai 2017
London Now by Tim Walker dans le magazine I-D
lundi 3 avril 2017
Georg Baselitz, Descente à la Galerie Thaddaeus Ropac
Vues de l’exposition Descente de Georg Baselitz à la Galerie Thaddaeus Ropac de Pantin |
La Galerie Thaddaeus Ropac présente dans son espace de Pantin un ensemble de nouvelles peintures et d'œuvres graphiques de l’artiste allemand Georg Baselitz, réunies sous le titre Descente. Dans les quatre nefs de la galerie, l’artiste présente des réinterprétations d’un tableau iconique de Marcel Duchamp, Nu descendant un escalier (1912), des portraits presque abstraits du peintre originaire de Dresde Ferdinand von Rayski, des références à un tableau d’Otto Dix Die Eltern des Künstlers [Les parents de l’artiste] (1924), des portraits sensibles et sans concession de sa femme Elke, ainsi que des travaux qui renvoient à Die Grossen Freunde [Les Grands amis], l'un de ses tableaux majeurs de 1965. Dans l’espace de la galerie ces œuvres se font écho et ouvrent sur cet univers plastique intime et très personnel devenu caractéristique du travail de Baselitz au cours des dernières années. A propos de ces motifs autoréférentiels, Baselitz disait récemment : « Le champ thématique de mon travail s’est fortement réduit au cours des dernières années. L’important est que je me suis de plus en plus isolé dans ma peinture. Je me suis de plus en plus replongé en moi-même pour en tirer tout ce que je fais. Je vis avec d’anciens catalogues, avec de vieilles photos et ne fais rien d’autre. Je peins entre moi et moi-même et sur nous deux. Voilà. Et de temps en temps, quelqu’un comme Otto Dix, que j’estime beaucoup, vient se joindre à nous. » Un ouvrage, avec un texte de Florian Illies, est publié à l’occasion de l’exposition.
http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2017/04/12/03015-20170412ARTFIG00157-baselitz-reinterprete-le-motif-final-avec-une-maestria-stupefiante.php
samedi 18 mars 2017
Aya Takano, The Jelly Civilization Chronicle
Aya Takano, Guardian of the World in Two Hundred Years, 2017 ©Aya Takano/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved. Courtesy Galerie Perrotin Paris |
Extraits du communiqué :
« Lorsque j’étais enfant, je rêvassais tout le temps, je vivais dans mon imagination, grâce à la lecture des livres et des mangas. Je détestais le design de la plupart des machines et des immeubles ; je les déteste encore aujourd’hui… J’aspirais à la liberté de l’esprit, et en ce sens, j’étais très différente des autres. J’aimerais être comme cela aujourd’hui, mais je n’en suis plus capable… »
L’exposition The Jelly Civilization Chronicle présente une sélection de 26 peintures et plusieurs dessins sur celluloïd, œuvres préparatoires à un manga de 186 pages.
Aya Takano, Encounter, 2017 |
Sur les ruines d’un réacteur nucléaire, après de multiples épreuves et métamorphoses, les héros retrouvent la société de paix qui était la leur, la “Jelly Civilization”, où se combinent la tradition, le souvenir et l’éternité: « La mémoire de tous ceux qui portent de la “gelée”, la mémoire de toute la “gelée”, la mémoire de ce qui est en train de se passer, et de ce qui pourrait se passer… » Ainsi naît le fruit d’une imagination qui se nourrit d’elle-même, pleine de toutes les possibilités de l’illusion, tel un lieu idéal, aux frontières du rêve et du désir : « cet endroit est omniprésent, explique Aya Takano. Il est en nous et partout ailleurs. » The Jelly Civilization Chronicle fut un vrai défi pour l’artiste, qui eut à cœur d’y exprimer l’histoire récente du Japon, comme d’y cristalliser pour la première fois ses angoisses et ses obsessions: un an de travail fut nécessaire pour élaborer cette œuvre inédite et ambitieuse, présentée pour la première fois à Paris, à la Galerie Perrotin.
Aya Takano, The Galaxy Inside, 2015 |
Aya Takano, A City of Jelly and Hatafutame, 2017 |
Aya Takano, The Adventure Inside, 2017 |
Malgré le chaos et l’adversité dans vos œuvres, il y a toujours la vie qui grouille, surgissant quoiqu’il arrive, avec des survivants, des animaux…
L’homme va peut-être périr, cela arrivera peut-être un jour. Mais je crois en la force de la nature et de la vie qui resurgira plus tard.
N’est-ce pas aussi le propos de cette exposition Toward Eternity ?
Je ne sais pas si cela a un lien. Mais c’est vrai que je cherche toujours l’éternité, la renaissance, le renouvellement dans mon travail.
http://aliceaupaysdesarts.blogspot.fr/2009/12/aya-takano-from-here-to-eternity.html
mercredi 15 mars 2017
Le Horla de Guy de Maupassant avec Florent Aumaître
Florent Aumaître, Le Horla, Théâtre Michel |
Le Horla est une nouvelle fantastique de Guy de Maupassant écrite en 1887. Le texte se présente sous la forme d’un journal qui laisse craindre que son propriétaire n’ait sombré dans la folie. Maupassant a renouvelé le thème du double, présent dans la littérature fantastique depuis Hoffmann, en se servant des dernières réflexions scientifiques et médicales à la mode, notamment l’hypnose et les travaux sur l’hystérie de Charcot dont il suivait les séances à la Salpêtrière.
Peu avant la publication du Horla, Maupassant écrivit : « J’ai envoyé aujourd’hui à Paris le manuscrit du Horla ; avant huit jours, vous verrez que tous les journaux publieront que je suis fou. [...] C’est une œuvre d’imagination qui frappera le lecteur et lui fera passer plus d’un frisson dans le dos car c’est étrange. »
À voir absolument !
extrait à découvrir :
https://www.youtube.com/watch?v=9mnYa5Zmlpw&feature=youtu.be
http://www.theatre-michel.fr/Spectacles/le-horla/
http://www.lehorla.com/
lundi 5 décembre 2016
Maurizio Cattelan à la Monnaie de Paris
Not Afraid of Love est l’exposition qu’il ne faut pas manquer au musée de la Monnaie jusqu’au 8 janvier 2017. Elle regroupe les œuvres majeures de la grande star de l’art contemporain Maurizio Cattelan. L’artiste est facétieux mais cela ne l’empêche pas de porter un regard implacable sur le monde et lui même. Statues de cire et animaux empaillés questionnent sur la mort, omniprésente dans l’œuvre de Cattelan. La Nona Ora est emblématique du travail de l’artiste. Elle représente le Pape Jean-Paul II accablé par une météorite, s’accrochant désespérément à sa férule crucifère, gisant sur un immense tapis rouge qui recouvre le Salon d’Honneur. L’œuvre, baptisée d’après l’heure à laquelle le Christ décède sur la croix, est une image puissante, allégorie du poids que représente la fonction et le fardeau qu’il porte. En fin d’exposition, la très célèbre et très chère statue (17 millions de dollars) intitulée Him représente Hitler agenouillé en train de prier. La force de cette œuvre est saisissante. L’expression d’Hitler symbolise parfaitement le nazisme à travers sa haine et sa détermination. On est mal à l’aise face à ce petit homme qui a réussi à engendrer un génocide européen accompagné d’un système concentrationnaire dont la barbarie était le moteur. Pourtant, Hitler était un homme. Alors, on s’intérroge, qu’y avait-il d’humain chez ce criminel ?
La Nona Ora, 1989 |
Lessico familiare, 1989 |
We, 2010 |
All, 2007 |
Him, 2001 |
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