Le prochain magazine Sang Bleu V sur la culture underground tattoo, fetish, artistique, etc... sortira au mois de février. J'ai déjà hâte de feuilleter les 616 pages de ce magazine toujours plus imposant et étonnant à chaque numéro. Voilà un magazine qui ne tourne pas en rond et se renouvèle profondément à chaque fois. La direction artistique toujours impeccable est menée par Maxime Buechi (directeur artistique, tatoueur et typographe de talent). Ses goûts et sa sensibilité pour cette culture définissent directement le contenu du magazine c'est pourquoi Sang Bleu est un magazine original et personnel. Sang Bleu, c'est le sang de Maxime, son originalité et sa distinction.
extrait du blog Sang Bleu Magazine :
what we do December 31, 2009 by Maxime Buechi making SB
For more than 10 days now we have been literally trapped in our studio, working all of our awake-hours. 616 pages to lay out is a serious amount as you can guess. Add to that the fact that I have been making hardly any kind of graphic design in the past year as the production work took most of my time. It means that within a month and a half since we started working on the layout, I had very little brain space and time available to post here. And it will be like this till the 7th, day on which we will deliver the files to the printer.
In the meanwhile I count on those of the SB crew who find themselves less busy to keep this blog alive. And, jsut for the hell of it, here is the 20th version of the cover… Which will change until the very last hour, I guess…
Un documentaire réalisé par Hélène Sevaux de 20 minutes sur l'artiste japonaise Aya Takano à ce lien : FROM HERE TO ETERNITY
Au passage, je mets en ligne une ancienne interview (mai 2008) d'Aya Takano que j'avais réalisée pour kaléido III qui n'a jamais été publié :
Jeune artiste japonaise de trente deux ans, Aya Takano, a commencé à peindre il y a déjà une dizaine d’années. Elle intègre très jeune l’Hiropon Factory, l’atelier/entreprise crée par Takashi Murakami qui deviendra quelques années plus tard Kaikai Kiki Corporation. Son œuvre singulière, fantastique, étrange et saisissante a un goût aigre-doux. Ses toiles aux touches tendres et aux couleurs fraîches, marquées par le style kawai (mignon), dépeignent pourtant un monde complexe voire tourmenté issu de son imagination débridée. Ses personnages, souvent féminins, longilignes, dénudés ont les articulations rougies et des yeux d’animaux. Ils coexistent dans des univers plus ou moins hostiles : déchèterie, chantier, urbanisation de science fiction, galaxies ou au contraire dans des intérieurs intimes.
Discussion avec Aya Takano
Alice Bénusiglio : Ou avez-vous appris à dessiner ? dessinez-vous depuis l’enfance ? Aya Takano : Je dessine depuis que je suis toute petite. J’ai appris au fur et à mesure par moi-même.
Des maîtres ou des peintres vous ont-ils inspiré ? J’aime beaucoup Gauguin et Van Gogh et aussi, même si on ne remarque pas le lien dans mon travail, Yayoï Kusama.
Vous avez été dessinatrice pour Nitendo, parlez-moi de votre expérience. Je faisais du design packaging pour Nitendo au niveau de l’exécution uniquement.
Derrière un graphisme aux traits tendres et aux teintes pastelles, vous dépeignez un monde futuriste hostile presque apocalyptique dans lequel toute forme de vie, animale ou humaine, doit se battre pour survivre (Toxic Beauty, séries de toiles inspirées par l’île de Yume No Shima bâtie sur un monticule de déchets dans la péninsule de Tokyo). Pourquoi dépeignez-vous un monde si noir à l’opposé du style « kawai » ? Ma technique est inspirée des mangas et a une facture kawai mais je ne cherche pas à décrire ou dépeindre un univers « mignon ». Mon travail aborde des grands thèmes qui viennent de mon inconscient. A propos de Toxic Beauty, quand je vois une petite chose par terre ou un déchet, cela ne m’intéresse pas. C’est la masse de déchets, ce monstre d’ordures, cette montagne qui me dépassait qui a provoqué en moi un choc esthétique. J’ai trouvé cela magnifique. Cela m’a également rappelé les images du 11 septembre. L’évènement en soit est horrible et malheureueux, mais j’ai eu un choc esthétique face aux montagnes de gravas créées par ce chaos. J’ai trouvé cela très beau.
Malgré le chaos et l’adversité dans vos œuvres, il y a toujours la vie qui grouille, surgissant quoiqu’il arrive, avec des survivants, des animaux… L’homme va peut-être périr, cela arrivera peut-être un jour. Mais je crois en la force de la nature et de la vie qui resurgira plus tard.
N’est-ce pas aussi le propos de cette exposition Toward Eternity ? Je ne sais pas si cela a un lien. Mais c’est vrai que je cherche toujours l’éternité, la renaissance, le renouvellement dans mon travail.
Dans vos tableaux, les femmes sont jeunes, menues, fragiles mais encore une fois paraissent farouches et résistantes. Que signifie cette représentation ? Les personnages que je dépeins ne sont pas vraiment finis, ils ne sont ni adultes, ni enfants, ils sont en mutations et représentent un état mental encore en construction. Je représente à travers le physique de mes personnages leur état d’âme, leur sensibilité. Je peins mes tableaux avec l’aide de mon inconscient, je ne peux pas donner une seule définition à ma peinture. Le spectateur l’interprète aussi à sa façon. Si vous voyez ces jeunes femmes résister, vous devez avoir raison.
Depuis vos débuts, vous travaillez auprès de Takashi Murakami au sein de The Hiropon Factory puis maintenant au Kaikai Kiki. Que vous apporte cet atelier et la collaboration auprès de Takashi Murakami ? Kaikai Kiki s’occupe de ma communication, fait les liens avec les galeries, je réalise les œuvres et ils font la suite.
Le prochain numéro de kaléido portera sur les pionniers, quels sont vos pionniers ? Je crois aux extra-terrestres. On a trouvé récemment en Inde de très vieux livres qui parlent des ovnis avec des schémas explicatifs pour construire une machine dure en fer qui flotte dans les airs. Ces indiens sont mes pionniers.
En parlant d’extra-terrestre, pourquoi certains de vos personnages ont des pois bleus sur les fesses ? Cela signifie qu’ils sont mongoles. Les mongoles ont a des traces bleues sur les fesses quand ils sont bébé et après cela disparaît.
Dans quel univers préférez vous vivre ? celui de vos extra-terrestres ou bien le monde réel ? Je me contente du monde réel parce que je ne communique pas encore avec les extra-terrestres.
— du 19 novembre 2009 au 24 janvier 2010 — Kiki Lamers Prix Jordaan – Van Heek
Dans le cadre du prix Jordaan - Van Heek 2010, l’Institut Néerlandais présente une exposition de l’artiste peintre néerlandais Kiki Lamers. La Fondation Jordaan-Van Heek s’efforce depuis toujours de soutenir et de stimuler la culture et l’art néerlandais. Tous les trois ans, un prix Jordaan-Van Heek est ainsi décerné par un jury indépendant à un artiste contemporain qui vit et travaille aux Pays-Bas. Depuis sa création en 1996, ce prix a été remis à Marien Schouten, Daan van Golden, Erik van Lieshout et Ina van Zyl. Cette année, la lauréate du Prix n’est autre que Kiki Lamers, bien connue pour ses grands portraits d'enfants au style réaliste et mystérieux à la fois. Par une couche de peinture épaisse et enrichie finement par de différents pigments, l’artiste fait naître un univers caché derrière un réalisme inspiré de la photographie.
Le critique d’art et commissaire New Yorkais Dan Cameron dit à propos du travail de Kiki Lamers : « Si un quelconque élément de l’œuvre de Kiki Lamers nous invite à déconstruire sa peinture dans notre quête pour un sujet lascif sous-jacent, il s’agit bien de la couleur. Bien que, sur le plan virtuel, toutes ses couleurs soient tirées directement de la nature, l’on ressent, en regardant les peintures de Lamers, que la palette a été dissociée de ses sources, de telle sorte que les rose, bleu et vert délayés ont déserté leur relation précise à la chair humaine. » Et : « En règle générale, Lamers ne dépeint pas ses sujets comme éternellement innocents ou surnaturellement mûrs. En fait, ce qui nous interroge le plus à première vue à propos de son approche est le degré avec lequel elle persiste à considérer ses sujets d’abord comme des individus et ensuite comme des enfants. » (Kiki Lamers, Tender Age, Artimo, 2002)
On retrouve le travail de Kiki Lamers dans des collections importantes et dans les musées à travers le monde entier.
Créé en 1947 par Mme Bertha Jordaan - Van Heek – grand amateur d’art qui a vécu une grande part de sa vie à Paris – la Fondation Jordaan - Van Heek s’efforce de soutenir et de stimuler les arts plastiques provenant des Pays-Bas en décernant tous les trois ans à un artiste peintre néerlandais un prix de 5.000€ et en lui offrant une exposition solo à l’Institut Néerlandais accompagnée d’un catalogue. Le jury pour l’édition 2010 était composé des membres suivants : Janwillem Schrofer, directeur de la Rijksakademie à Amsterdam ; Fabrice Hergott, Directeur du Musée d’Art moderne de la ville de Paris;Hilde Teerlinck,directrice du FRAC Nord Pas-de-Calais;Dominic van den Boogerd, directeur De Ateliers à Amsterdam, Edwin Jacobs, directeur du Centraal Museum à Utrecht.
du 19 11 2009 au 24 01 2010 Kiki Lamers Institut Néerlandais 121 rue de Lille 75007 Paris
Mikhail Baryshnikov et Rob Besserer, Cumberland Island, Géorgie, 1990
La magnifique exposition rétrospective du travail de la photographe Annie Leibovitz présentée à la MEP en été 2008 est actuellement au Kunst Haus Wien, Museum Hundertwasser, à Vienne jusqu'au 31 janvier 2010. Annie Leibovitz est l'une des photographes majeurs de notre époque. Elle manie tous les genres en virtuose, le portrait, le reportage, la photo de mode. Dès ses débuts, elle est reconnue pour les publications de ses photographies en couverture du magazine Rolling Stones. Par ailleurs, elle suivra le groupe, Les Rolling Stones en tournée pendant un an et réalisera à la manière d'une sociologue des photographies des rockers livrant leur mode de vie, elle-même l'ayant adopté. C'est peut être, avec Hedi Slimane, la photographe qui a su le mieux photographier cette culture et ses icônes. La carrière d'Annie Leibovitz est foisonnante, toutes les grandes célébrités (acteurs, athlètes, politiques,etc...) sont passées devant son objectif. La photographe a travaillé essentiellement pour les magazines Rolling Stone, Vanity Fair et Vogue. Elle a également œuvré dans la publicité pour les marques Louis Vuitton et Lavazza.
PIERRE ET GILLES Amour defunt, 2007 Modèles : Sylvie Vartan et Johnny Hallyday Photographie peinte, pièce unique, encadrée par les artistes avec cadre 97,5 x 138,5 cm
La galerie Jérôme de Noirmont présente à travers l'exposition Wonderful Town les photographies proches de la peinture et de l'art baroque de Pierre et Gilles.
Extrait du communiqué de presse :
«Wonderful Town, c’est une ville comme il y en a partout dans le monde… C’est une ville moderne sans passé, une ville industrielle.» L’idée de Wonderful Town est née au retour d’un voyage au Japon, pays que Pierre et Gilles connaissent bien pour y avoir séjourné plusieurs fois depuis vingt ans, où les villes sont inhumaines et où les populations urbaines éprouvent par conséquent la nécessité de s’inventer des rêves, des fantasmes, des folies pour échapper à une réalité trop dure.
Dans Wonderful Town, les rêves de chacun envahissent la ville qui n’est plus une utopie, mais une drôle de réalité, symbolisée par des grues et des engins de chantier, des usines, des immeubles cubiques, des morceaux de voiture et amas de détritus; chacun doit s’y inventer son monde où tout devient possible.
«Wonderful Town, chacun l’imagine comme il veut. C’est un peu comme dans un film : un monde imaginaire où plein de choses se passent, joyeuses ou tristes, où les fantasmes s’expriment, qu’ils soient oniriques, tendres ou violents. On retrouve tout notre univers dans ces œuvres qui peuvent être vues comme des apparitions : les portraits religieux, de marins, de personnages urbains, de soldats, de femmes…»
La création de Pierre et Gilles trouve avant tout sa source dans l’Histoire de l’Art, en particulier de la peinture, dans l’imagerie populaire ou dans l’univers du cinéma, parfois aussi dans le monde de la musique et des spectacles. Incontestablement dans cette série, le cinéma est leur principale source d’inspiration, non pas tant par les films eux-mêmes bien que certains titres soient très évocateurs (Les Temps Modernes, 2008), mais par son statut d’ «usine à rêves», où tous les rêves heureux, drôles et même les cauchemars, peuvent s’exprimer en toute liberté.
Pierre et Gilles Wonderful Town jusqu'au 23 janvier 2010 Galerie Jérôme de Noirmont 36-38 ave de Matignon 75008 Paris
Louise Bourgeois m'a toujours fascinée. Cette petite femme hargneuse, hyper-sensible et entêtée a parcouru les décennies en façonnant une œuvre majeure et envoutante d'une grande cohérence et d'une rare élégance. Sa vie est son œuvre, son œuvre est sa psychanalyse, "sa garantie de santé mentale" comme elle le dit si bien. Son art la transcende, fait ressurgir sa douleur et ses vulnérabilités tout en la protégeant. L'araignée, la maîtresse et la mandarine rend hommage à Louise Bourgeois en retraçant par bribes son histoire artistique et personnelle. Le documentaire est ponctué par des interviews de proches et de professionnels du milieu de l'art amoureux de son travail. Le film est joliment monté (même si parfois un peu décousu) et agrémenté d'une musique adéquate (Malher entre autres).
Date de sortie cinéma 9 décembre 2009
Réalisé par Amei Wallach, Marion Cajori Avec Louise Bourgeois, Pandora Tabatabai Asbaghi, Jean-Louis Bourgeois...
Titre original Louise Bourgeois: The Spider, the Mistress and the Tangerine Long-métrage américain. Genre : Documentaire Durée : 1h39 min Année de production : 2008 Distributeur : Pretty Pictures
Synopsis :Une incursion dans l'univers de Louise Bourgeois, dont l'œuvre protéiforme traverse les 20e et 21e siècles. Louise Bourgeois se consacre à la sculpture depuis 1949. Elle a côtoyé les principaux mouvements artistiques, tout en préservant farouchement son indépendance d'esprit, et sa manière incroyablement inventive et troublante. En 1982, à l'âge de 71 ans, elle devient la première femme à être honorée d'une rétrospective au MoMA, à New York. L'artiste lève le voile sur ses secrets d'enfance, source de ses traumatismes, qui se reflètent dans ses sculptures et ses installations, dont la caméra explore la troublante magie.
Critique écrite par Isabelle Regnier parue dans LE MONDE | 08.12.09 |
Louise Bourgeois : l'araignée, la maîtresse et la mandarine : faire une toile avec Louise Bourgeois
Les araignées géantes de l'artiste américaine Louise Bourgeois trônent au quatre coins du monde, de Tokyo à Londres en passant par Paris, Bilbao, New York... Ces sculptures métalliques noires et monumentales, qu'elle réalise depuis le début des années 1990, ont des grandes pattes anguleuses qui enserrent l'espace de jardins publics, de salles de musées, de halls de multinationales...
Louise Bourgeois, 97 ans, est devenue la femme artiste la plus célèbre du monde en construisant une œuvre nourrie de terreurs enfantines, dont les deux figures les plus saillantes sont la mère araignée et le père phallus (rebaptisé "fillette" par sa créatrice).
Le beau film-portrait que lui consacrent la critique d'art américaine Amei Wallach et la réalisatrice Marion Cajori joue sur le contraste entre ce petit bout de femme, dont le destin a épousé celui de l'art du XXe siècle, et les icônes démesurées qu'elle lui a offertes.
Manteau rose fluo
De forme en apparence modeste, le film est centré sur son personnage, filmé dans l'intimité de son atelier, dans l'antre chaleureux et angoissant que constituent ses installations, et qui magnétise la caméra par l'intensité du verbe et de son regard bleu acier. Ce parti pris restitue avec justesse le dialogue qu'elle a créé entre sphère de l'intime et sphère mythologique.
Louise Bourgeois se promène dans les rues de New York en manteau rose fluo et se livre avec franchise, sans sourciller, sans jamais trop en dire non plus, dévoilant au fil des séquences une personnalité bouillonnante et une détermination qui laisse groggy.
Entre la grande histoire et la petite, un parcours se dessine, celui d'une enfant née à la veille de la première guerre mondiale et abîmée à jamais par ce cataclysme. Appelé au front, son père en est revenu transformé, prenant sa gouvernante comme maîtresse et l'installant à domicile. Blessure originelle, triple trahison – de son père, de sa mère passive et de sa gouvernante –, cette histoire qu'elle a racontée pour la première fois dans une vidéo réalisée pour sa rétrospective au Musée d'art moderne de New York (MoMA), en 1982, cimente son œuvre. Elle est au cœur de ce film qui intègre subtilement de curieuses images d'archives où une troupe de mutilés de guerre s'adonne à une joyeuse chorégraphie sur fond de chansons de l'époque.
Mais cette histoire est aussi celle d'une prise de pouvoir sur le monde, qui commence par une prise de pouvoir sur soi. Arrivée à New York en 1938, où elle a suivi son mari, l'historien de l'art américain Robert Goldwater, et fréquenté les surréalistes en exil, Louise Bourgeois s'est mise à la sculpture sur le tard, pour tuer l'ennui de ses journées passées seule à la maison.
Sa reconnaissance fut tout aussi tardive, au cours des années 1970, quand elle avait 60 ans révolus et que son travail, après avoir longtemps été occulté par la vague de l'art abstrait, commençait à intéresser critiques et galeristes.
Il fait froid et humide en cette fin d'automne, Versailles ne manque pas de grâce dans ce brouillard blanc. L'exposition de Xavier Veilhan a respecté la splendeur du lieu contrairement à Koons précédemment. Elle amplifie la majesté de la perspective de Le Nôtre. Ce jet d'eau, quelle idée magnifique, on dirait qu'il rejoint les nuages (ou bien le roi Soleil ?). Sa présence semble une évidence dans le paysage. Louis XIV aurait certainement apprécié. Il aurait aussi aimé que l'on tienne compte de son point de vue pour créer l'illusion visuelle d'une pleine lune. Voilà une œuvre élégante, moderne et poétique ! Le talent de Xavier Veilhan fait du bien. Ses sculptures d'architectes répondent à l'histoire avec intelligence, tout comme celle de Youri Gagarine, géant gisant dans la cour, atterri là comme une météorite. Les sculptures de l'artiste ont un style moderne, graphique, parfois comme de l'origami. Les volumes sont coupants ou au contraire modelés. Bien que les techniques de production des œuvres soient high-tech, leurs formes et leurs proportions en font déjà de grands classiques.
Xavier Veilhan démontre une fois de plus qu'il est un maître de la sculpture et que son travail contemporain s'accorde parfaitement à l'histoire sans jamais la répéter.
Acrylique sur toile 220 x 180 cm Courtesy Galerie Emmanuel Perrotin
Bernard FRIZE Néolo, 2004 Acrylique et résine sur toile 162 x 130 cm Courtesy Galerie Emmanuel Perrotin
Bernard FRIZE Odéon, 1999 Acrylique et résine sur toile 160 x 130 cm Courtesy Galerie Emmanuel Perrotin
Bernard FRIZE Suite Segond, 1980 Laque alkyd-uréthane sur toile 21 x 65 cm Courtesy Galerie Emmanuel Perrotin
Bernard FRIZE Equivalent (6), 1990 Acrylique et résine sur toile 119 x 118,5 cm Courtesy Galerie Emmanuel Perrotin
Oh Happy Days ! (du 1.12.2009 au 9.01.2010) à la galerie Emmanuel Perrotin de Miami, présente des œuvres majeures de Bernard Frize réalisées entre 1980 et 2007.
La démarche de Bernard Frize me rappelle celle des artistes du groupe supports-surfaces (Vincent Bioulès, Louis Cane, Marc Devade, Daniel Dezeuze, Noël Dolla, Jean-Pierre Pincemin, Patrick Saytour, André Valensi et Claude Viallat) en 1969, ils déclaraient : « L'objet de la peinture, c'est la peinture elle-même et les tableaux exposés ne se rapportent qu'à eux-mêmes. Ils ne font point appel à un « ailleurs » (la personnalité de l'artiste, sa biographie, l'histoire de l'art, par exemple). Ils n'offrent point d'échappatoire, car la surface, par les ruptures de formes et de couleurs qui y sont opérées, interdit les projections mentales ou les divagations oniriques du spectateur. La peinture est un fait en soi et c'est sur son terrain que l'on doit poser les problèmes. Il ne s'agit ni d'un retour aux sources, ni de la recherche d'une pureté originelle, mais de la simple mise à nu des éléments picturaux qui constituent le fait pictural. D'où la neutralité des œuvres présentées, leur absence de lyrisme et de profondeur expressive. »
Bernard Frize travaille sur le processus de création, établit des règles plus ou moins complexes pour créer des tableaux en séries à la façon d'un scientifique qui réalise des expériences dans un laboratoire. Il s'agit d'une analyse profondément attachée à l'essentiel de la technique de production. Le geste ou les goûts esthétiques de l'artiste sont mis de côté au profit d'un raisonnement intellectuel. Le mécanisme de fabrication prime sur le résultat. Pour autant, le résultat n'en demeure pas moins intéressant, créant des jeux d'optiques parfois proches de l'art cinétique, comme dans le tableau Samuel, réalisé au pistolet. Ce tableau donne l'impression au spectateur de voir flou. Notre œil ne peut faire la mise au point, happé par le labyrinthe des couleurs. Celles-ci ne peuvent pas prendre une forme distincte, elles vibrent. Des œuvres plus anciennes, s'attachent aux réactions chimiques de la peinture. L'artiste réalise en 1980 Suite Segond, un tableau composé à partir des fines pellicules de peintures ayant séché à la surface des pots. En 1990, à travers les œuvres de la série Equivalent, l'artiste applique de l'encre mélangée à de la peinture acrylique sur une toile enduite de résine transparente, celle-ci empêche la toile d'absorber la peinture. L'œuvre de Bernard Frize me plaît car elle est cohérente, systématique, sans être répétitive. L'artiste invente de nouveaux procédés avec des résultats toujours différents. Par ailleurs, les toiles vieillissent bien et sont intemporelles car elles ne répondent pas à un problème d'ordre esthétique.
350 points towards infinity 2009 – pendular, magnet – Ø 900 cm Ø 354 1/4 inches
From here I disappear 2009 – mirror, plexiglas, metal, neon tubes – variable dimensions
A Stay between Enclosure and Space au MIGROS Museum, Zurich jusqu'au 21 février 2010 Tatiana Trouvé expose son travail aussi étrange qu' insaisissable au Migros Museum de Zurich. L'univers de l'artiste est complexe et sophistiqué, elle interroge dans ses installations les notions de frontière, de conscient et d'inconscient. L'intérieur et l'extérieur sont mis en scène au sens propre comme au sens figuré. Elle travaille l'espace pour représenter de façon concrète et réelle, des états psychologiques incertains et indéfinissables. Ce paradoxe rend le travail de Tatiana Trouvé particulièrement intéressant, le situant entre l'abstraction et la représentation. A travers son installation From here I disappear, une succession de portes transparentes s'ouvrant vers l'infini, l'artiste met en scène à travers un dispositif simple et dépouillé, une sensation d'égarement et de malaise compliquée, jouant sur les perceptions du spectateur, réveillant les couches enfouies de son inconscient. Même chose pour l'œuvre 350 points towards infinity, avec ses 350 pendules suspendues, faisant référence à la notion de Freud "unHEIMlich" (souvent traduit en anglais comme "étrange" mais l'allemand signifie littéralement "non-domestique" ou "peu familier") l'étymologie de "unheimlich" associe la notion d'étrangeté à la maison (Heim), celle-ci devient un endroit suscitant le malaise, l'incertitude. Tatiana Trouvé nous emmène dans des territoires inexplorés grâce à la grande originalité de son travail, sa sensibilité si singulière nourrie par un langage plastique hors du commun.
Un OVNI sénégalais, qui tient du road movies, de l’opérette et de la comédie musicale ; il raconte une histoire de tous les jours dans un pays où les transports en commun sont les taxis de brousse. Les premières images pourraient appartenir à un documentaire : embouteillages dakarois, petites commerçantes le long des trottoirs, voyageurs qui se rassemblent, comme dans une gare routière. Un chauffeur attend tranquillement en fumant dans un taxi couvert de plaies et de bosses qu’un aide astique soigneusement ; le temps passe, il ne se passe rien ….puis le groupe de voyageurs se met à danser dans la rue, comme dans West Side Story. Cela y ressemble trop pour que ce ne soit pas intentionnel ; le danseur de hip hop est la note d’aujourd’hui. Autre séquence dont la filiation semble revendiquée, celle du salon de coiffure, à l’européenne, très kitsch ; on pense à Vénus Beauté, ou à la boutique dans Les Parapluies de Cherbourg. Quant à l’histoire d’amour qui va peut-être s’épanouir, entre la jeune coiffeuse fugueuse et le héros un peu perdu mais ouvert à tout, elle évoque les Demoiselles de Rochefort. Le charme certain du film vient de son « africanité », heureusement métissée avec les films occidentaux cités. Tandis qu’on attend un dernier passager pour remplir le taxi et optimiser la recette – il n’y a pas d’heure officielle de départ – on s’impatiente sans fureur et on finit par s’arranger : si le groupe paie pour le huitième passager, le départ est immédiat ! Plus tard, au milieu de l’embouteillage, une mobylette avance en zig zag pour amener un retardataire au point d’arrêt supposé des taxis… L’exil loin du Sénégal est évoqué par deux chansons : un jeune homme optimiste parle d’un départ vers l’Italie ; l’Europe est l’Eldorado, le voyage est initiatique : « Il faut voir du pays avant de se marier ». Contrepoint lucide de la jolie passagère à côté de lui : « Mais il ne reviendra peut-être pas… » Autre note plus grave, plus tragique : « L’Atlantique ne cesse de nous avaler, et nos mères de pleurer… » chante le chauffeur de taxi, mettant en cause le départ rêvé des jeunes comme seule solution aux difficultés économiques du pays. Et quand le taxi roule vers St Louis, avec ses huit passagers, un incident l’attend ; là encore, on s’arrangera, réparation et retard payés, effacés, par une pastèque. L’originalité est due à ce patchwork de styles musicaux : une chanson évoque une berceuse, tandis que le récit de la patronne du salon de coiffure, accompagné à la trompette, est du jazz. Le jeune Africain aspirant au départ, avec son canotier, rappelle le music hall, et le 8e passager chantonne une romance à la Michel Legrand. La fin du voyage, happy end avec réconciliation et espoir, est le dénouement euphorique des opérettes. Finalement, Un transport en commun n’est pas un OVNI mais un OCOM (objet cinématographique à origines multiples) faciles à identifier ; les musiques et chorégraphies sont si reconnaissables qu’à ce titre on ne peut parler d’inspiration, mais de revisitation et d’appropriation. C’est une œuvre très personnelle, pleine de bonne humeur, au ton décalé, au style vif, mais qui sait peindre la nonchalance.
Nicole Labonne
Un transport en commun: 2009 France Sénégal réalisatrice: Dyana Gaye 48' couleur color 35mm production: Andolfi
Le film a reçu dans le cadre du festival entrevues le prix du public Court-métrage de fiction
Le truculent critique d’art et journaliste Ben Lewis a signé un documentaire édifiant sur la spéculation dans l’art : l’art s’explose (titre original The Great Contemporary Art Bubble). Le documentaire a été diffusé sur Arte après l’avoir été sur BBC4 (diffusion mondiale sur les chaînes BBC, Arte, VPRO, DR, SVT, SF, ABC-Australia). Le journaliste dévoile à travers une enquête richement nourrie le mécanisme des bulles spéculatives dans l’art ainsi que les méthodes employées par les collectionneurs, les galeristes et Sotheby's pour pousser et faire perdurer de manière artificielle les cotes de certains artistes. Ce documentaire tient en haleine le spectateur car il est monté comme une fiction, un thriller, avec en personnage principal Ben Lewis, sorte de détective au look immuable (costume, lunette, chapeau) en train de mener l’enquête à travers le monde dans sa petite voiture électrique transformée en œuvre d’art par Tobias Rehberger. On le voit jouer au billard avec le collectionneur Aby Rosen, assister aux ventes aux enchères de Sotheby’s, interroger des économistes, des collectionneurs, des experts de l’art, des politiques, journalistes et artistes. La nuit, il rêve des Marilyn de Warhol lui chuchotant des confidences suite à ses nombreuses interrogations. Ben Lewis commence son film par une thèse alarmante. Selon lui, les œuvres deviennent de simples marchandises produites en séries, achetées par des collectionneurs qui les considèrent comme des placements financiers. Les privilèges accordés à quelques artistes sont exploités par une poignée de collectionneurs et marchands extrêmement riches afin d’obtenir toujours plus de profits. La thèse du critique d’art pourrait nous faire sourire s’il ne s’évertuait à nous prouver à travers de nombreux témoignages (et pas des moindres) que ce qu’il annonce est fondé. Il épingle notamment les méthodes frauduleuses de quelques acteurs majeurs de l’art contemporain : Larry Gagosian (le marchand d’art le plus puissant du monde), Jay Joplin (White Cube), le collectionneur Peter Brant et la maison de vente aux enchères Sotheby’s. Il explique comment les collectionneurs et marchands se mettent d’accord pour renchérir sur certains artistes (Koons, Hirst par exemple) pour augmenter la cote de leurs artistes et la valeur de leur collection ou de leur stock. Le cercle vicieux des bulles spéculatives s’installe : si les prix ne progressent plus et cessent de flamber, ils s’effondrent. Ben Lewis évoque également le scandale de la banque UBS qui profitait de son rôle de sponsor sur la foire d’art contemporain de Miami Beach pour appâter de nouveaux clients à l’évasion fiscale. Enfin, pour finir le documentaire en beauté, cerise sur le gâteau : Damien Hirst évince ses deux galeristes (Gagosian et Joplin) pour vendre directement ses œuvres chez Sotheby’s le 15 septembre 2008. La vente atteint le record de 139 millions d'euros. Ses deux marchands sont obligés d’acheter quelques œuvres pour maintenir la cote de leur stock. Certes l’artiste Damien Hirst ne baigne pas encore à l’image de son œuvre The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living dans du formol, il n’en est pas moins un vrai requin.
Peau de buffles sur structure en acier et résine Courtesy galerie Kamel Mennour, Paris.
Deux expositions de l'artiste Hang Yong Ping ont lieu simultanément : Caverne 2009 à la galerie Kamel Mennour et Arche 2009 à la chapelle des Petits-Augustins de l'école des Beaux-arts.
Huang Yong Ping, Arche 2009.
À l’intérieur d’une immense arche déchirée et calcinée, une communauté d’animaux part à la dérive dans la chapelle des Petits-Augustins. Cette installation extraordinaire et magistrale est bouleversante. Il s’en dégage un profond sentiment tragique. L’œuvre présente un échantillon du règne animal dont l’homme est exclu. Les animaux apparaissent en détresse, flottant vers un avenir incertain. Certaines bêtes sont mortes, une girafe gît au beau milieu du pont, d’autres sont complètement calcinées, à la renverse, d’autres survivent tant bien que mal pour aller je ne sais où.
Cette mise en scène apocalyptique est sublimée par la chapelle, datant de la Reine Margot, foisonnant de chefs d’œuvres et copies de la Renaissance et du Moyen-Age. Les œuvres se répondent les unes aux autres et forment une symbiose mystique. La copie de Xavier Sigalon représentant Le jugement dernier d’après l’original de Michel-Ange à la chapelle Sixtine est en parfaite adéquation avec l’Arche 2009. Quels seront les élus et les damnés ? Y aura-t-il des rescapés ? le bébé crocodile voulant s’échapper des pattes de l’éléphant survivra t-il ? Le travail du déluge et de la mort l’emportera t-il ? toutes ces questions tourbillonnent au dessus de l’arche, posée comme une énigme au milieu de la chapelle.
Comme le précise Jean de Loisy « Huang Yong Ping revient ainsi sur une de ses obsessions essentielles, celle de la destruction des sociétés par elles-mêmes, qui fût le sujet de quelques-unes de ses œuvres comme «Théâtre du monde» ou «Péril jaune» dans lesquelles des groupes d'insectes rassemblés dans une cage, dont la forme évoquait les dispositifs carcéraux du classicisme, incapables de cohabiter se dévoraient les uns les autres. (…)L'arche de Huang Yong Ping transporte la vie mais aussi la violence fondamentale de toute organisation sociale. Par ce message pessimiste, l'artiste retourne l'idée même de l'histoire sur laquelle il se fonde. Il disjoint l'alliance entre Dieu et les hommes. Aucune punition céleste n'a frappé l'arche, seule la violence inhérente à la vie collective est à l'origine de la barbarie mise en scène par l'artiste. »
Cette œuvre grandiose, aussi noire qu' éblouissante, est visible jusqu'au 3 décembre à la Chapelle des Petits-Augustins de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts.
Huang Yong Ping Arche 2009 du 23 octobre 2009 au 3 décembre 2009 Chapelle des Petits-Augustins 14, rue Bonaparte 75006 Paris Huang Yong Ping Caverne 2009 du 23 octobre 2009 au 19 décembre 2009 Galerie Kamel Mennour 47, rue Saint-André des Arts 75006 Paris
FC SOFIA est le nom d'un couple d'artistes, Frédéric et Catherine Sofia. Leurs œuvres malicieuses et pétillantes sont présentées à la galerie Laurent Strouk jusqu'au 31 décembre à travers l'exposition Bling Bang ! Celle-ci réunit des œuvres diverses et variées : une très belle série de masques, des armes découpées sur des plaques d'aluminium recouvertes de petits autocollants kawaï, une vanité kawaï repose sur un petit tapis en vison blanc, des casques militaires dégoulinent de centaines de petits jouets, des culottes sur piédestal, un capot de Porsche 911 customisé et enfin en pièce majeure de l'exposition la Miss War, sculpture représentant une balle géante relookée comme un bel objet de cosmétique violet métallisé. Tous les éléments du pop art sont là, mais revus et corrigés par l'esprit espiègle des artistes. Ils ne dénoncent pas la société de consommation ou la guerre, ils les détournent pour en faire un grand jeu playmobil à l'esthétique colorée et irisée. à consommer sans modération !
FC SOFIA Bling Bang ! jusqu'au 31 décembre Galerie Laurent Strouk 8 bis, rue Jacques Callot 75006 Paris
Il y a quelques années j’ai publié le magazineKaléido.J’ai entrepris ce blog pour continuer de partager mon goût pour l’art, la photographie, la mode, le graphisme, la typographie et le spectacle vivant. Désormais, le blog se poursuit sur ALICEBENUSIGLIO.COM