L'artiste hors norme Joel-Peter Witkin à la fois excentrique, dérangeant et illuminé présente son travail à travers deux expositions : Enfer ou Ciel à la Bnf et Histoire du monde occidental à la galerie Baudoin Lebon.
A propos d'Enfer ou Ciel à la bnf jusqu'au 1er juillet 2012
L'artiste photographie ce que précisément notre société refuse de regarder : la mort (qu'il considère comme un don sacré), la difformité du corps humain, la folie, les pratiques sexuelles hors norme, fétiches, zoophiles. Toutes formes d'excentricité l'intéressent. Les sujets sont dérangeants, peuvent mettre mal à l'aise et pourtant l'artiste ne cherche pas à choquer. Profondément attaché à l'histoire de l'art et à la mythologie auxquelles il fait référence dans beaucoup de ses photos, Joel-Peter Witkin met en scène ses sujets avec beaucoup de respect, il sublime la monstruosité, crée une esthétique de la difformité.
Dans une interview du magazine Chronique de la Bnf, il indique "La mort est un don sacré. Mon travail a toujours donné à voir la splendeur et la misère de la condition humaine. C'est le sens de l'art depuis toujours. La difformité est présente dans l'art de Vinci, de Velazquez, de Goya ou de Dix. La sexualité hors norme a toujours existé."
— Communiqué de la Bnf
Né en 1939 à New York, Joel-Peter Witkin est à l’apogée de sa carrière. Sa mythologie personnelle, son goût de l’art classique, l’audace de ses partis pris en font un artiste unique de la scène photographique mondiale. L’exposition propose un dialogue entre les photographies de Witkin et son choix personnel d’estampes précieuses issues de la collection du département des Estampes et de la photographie. « La rencontre du sacré et du profane, fondatrice de l’oeuvre de Witkin, trouve son équivalence chez les maîtres de l’estampe. L’exposition offre une vision renouvelée de l’oeuvre de cet artiste, héritier du romantisme noir.» Bruno Racine, président de la BnF. Witkin se proclame photographe mais il est aussi dessinateur, peintre, graveur. Il privilégie la photographie d’atelier, met méticuleusement en scène des modèles non professionnels, aux corps parfois abîmés, et qu’il engage au fil de ses voyages. Sans voyeurisme morbide, il propose une réflexion sur la représentation du corps. Réflexion qui s’étend à tous les aspects de la chair, y compris dans la déréliction, la mort, les pratiques érotiques extrêmes. La prise de vue est préparée par des croquis à la précision millimétrique. Witkin produit peu d’images et tire ses épreuves somptueuses en nombre limité. Ses méthodes de tirage, plutôt iconoclastes, font appel à des procédés atypiques mais parfaitement maîtrisés : correction sur le négatif, grattage, déchirure, abrasion, collage, rehauts de peinture ou d’encaustique… Witkin donne à voir un sujet, certes, mais aussi la chair même du médium photographique. Sa prodigieuse culture artistique et sa maîtrise du vocabulaire plastique se révèlent dans un déploiement extrême, allant de la mythologie antique à la culture populaire américaine, de l’iconographie religieuse à la peinture fin de siècle. Réinterprétation assumée des classiques ou subtile imprégnation, la référence aux grandes oeuvres picturales ou sculpturales est une constante. Qu’il s’attache au portrait, au nu ou à la nature morte, son oeuvre repose sur deux thèmes fondateurs : l’Éros et le Sacré. La mort, la souffrance, l’extase, de même que la vanité ou l’incarnation : autant de thèmes qui alimentent son imaginaire et qui, subtilement imbriqués, traversent son oeuvre. Son choix au sein de la collection de la BnF en témoigne à l’évidence : Dürer, Goya, Ensor, Picasso, Rops et d’autres grands maîtres de l’estampe... Quarante cinq gravures de la Renaissance au XXe siècle sont ainsi exposées en contrepoint de 81 photographies de Witkin. Le visiteur trouve ici l’occasion de mener une réflexion personnelle sur la circulation des formes et des thèmes dans l’oeuvre du photographe.
Witkin, mystiques victimes dans Next par Frédérique Roussel
Né en 1939 à New York, Joel-Peter Witkin est à l’apogée de sa carrière. Sa mythologie personnelle, son goût de l’art classique, l’audace de ses partis pris en font un artiste unique de la scène photographique mondiale. L’exposition propose un dialogue entre les photographies de Witkin et son choix personnel d’estampes précieuses issues de la collection du département des Estampes et de la photographie. « La rencontre du sacré et du profane, fondatrice de l’oeuvre de Witkin, trouve son équivalence chez les maîtres de l’estampe. L’exposition offre une vision renouvelée de l’oeuvre de cet artiste, héritier du romantisme noir.» Bruno Racine, président de la BnF. Witkin se proclame photographe mais il est aussi dessinateur, peintre, graveur. Il privilégie la photographie d’atelier, met méticuleusement en scène des modèles non professionnels, aux corps parfois abîmés, et qu’il engage au fil de ses voyages. Sans voyeurisme morbide, il propose une réflexion sur la représentation du corps. Réflexion qui s’étend à tous les aspects de la chair, y compris dans la déréliction, la mort, les pratiques érotiques extrêmes. La prise de vue est préparée par des croquis à la précision millimétrique. Witkin produit peu d’images et tire ses épreuves somptueuses en nombre limité. Ses méthodes de tirage, plutôt iconoclastes, font appel à des procédés atypiques mais parfaitement maîtrisés : correction sur le négatif, grattage, déchirure, abrasion, collage, rehauts de peinture ou d’encaustique… Witkin donne à voir un sujet, certes, mais aussi la chair même du médium photographique. Sa prodigieuse culture artistique et sa maîtrise du vocabulaire plastique se révèlent dans un déploiement extrême, allant de la mythologie antique à la culture populaire américaine, de l’iconographie religieuse à la peinture fin de siècle. Réinterprétation assumée des classiques ou subtile imprégnation, la référence aux grandes oeuvres picturales ou sculpturales est une constante. Qu’il s’attache au portrait, au nu ou à la nature morte, son oeuvre repose sur deux thèmes fondateurs : l’Éros et le Sacré. La mort, la souffrance, l’extase, de même que la vanité ou l’incarnation : autant de thèmes qui alimentent son imaginaire et qui, subtilement imbriqués, traversent son oeuvre. Son choix au sein de la collection de la BnF en témoigne à l’évidence : Dürer, Goya, Ensor, Picasso, Rops et d’autres grands maîtres de l’estampe... Quarante cinq gravures de la Renaissance au XXe siècle sont ainsi exposées en contrepoint de 81 photographies de Witkin. Le visiteur trouve ici l’occasion de mener une réflexion personnelle sur la circulation des formes et des thèmes dans l’oeuvre du photographe.
Joel-Peter Witkin, «Portrait de Nan», 1984. |
Joel-Peter Witkin, Autoportrait, évocation du portrait en vanité, Nouveau- Mexique. |
A propos d'Histoire du monde occidental. — Communiqué de la galerie :
Joel-Peter Witkin poursuit sa quête, quotidienne et obsessionnelle, d'une beauté différente, mise en scène, qui renvoie le spectateur à sa propre étrangeté. L'artiste nous livre ses oeuvres les plus récentes. Joel-Peter Witkin retrace l'histoire du monde occidental. Ses photographies sont à la fois empreintes de divers passages bibliques et mythologiques mais aussi ponctuées de références littéraires et philosophiques qu'il théâtralise en dégageant une sérénité de plus en plus prononcée.
visite par Claude Mossessian
galerie Baudoin Lebon
Joel-Peter Witkin poursuit sa quête, quotidienne et obsessionnelle, d'une beauté différente, mise en scène, qui renvoie le spectateur à sa propre étrangeté. L'artiste nous livre ses oeuvres les plus récentes. Joel-Peter Witkin retrace l'histoire du monde occidental. Ses photographies sont à la fois empreintes de divers passages bibliques et mythologiques mais aussi ponctuées de références littéraires et philosophiques qu'il théâtralise en dégageant une sérénité de plus en plus prononcée.
visite par Claude Mossessian
galerie Baudoin Lebon