









Quelques vieilles séries de Terry Richardson que j'aime particulièrement. article à venir.
Date de sortie cinéma 9 décembre 2009
Réalisé
par Amei Wallach, Marion Cajori
Avec Louise Bourgeois, Pandora Tabatabai Asbaghi,
Jean-Louis Bourgeois...
Louise Bourgeois, 97 ans, est devenue la femme artiste la plus célèbre du monde en construisant une œuvre nourrie de terreurs enfantines, dont les deux figures les plus saillantes sont la mère araignée et le père phallus (rebaptisé "fillette" par sa créatrice).
Le beau film-portrait que lui consacrent la critique d'art américaine Amei Wallach et la réalisatrice Marion Cajori joue sur le contraste entre ce petit bout de femme, dont le destin a épousé celui de l'art du XXe siècle, et les icônes démesurées qu'elle lui a offertes.
Manteau rose fluo
De forme en apparence modeste, le film est centré sur son personnage, filmé dans l'intimité de son atelier, dans l'antre chaleureux et angoissant que constituent ses installations, et qui magnétise la caméra par l'intensité du verbe et de son regard bleu acier. Ce parti pris restitue avec justesse le dialogue qu'elle a créé entre sphère de l'intime et sphère mythologique.
Louise Bourgeois se promène dans les rues de New York en manteau rose fluo et se livre avec franchise, sans sourciller, sans jamais trop en dire non plus, dévoilant au fil des séquences une personnalité bouillonnante et une détermination qui laisse groggy.
Entre la grande histoire et la petite, un parcours se dessine, celui d'une enfant née à la veille de la première guerre mondiale et abîmée à jamais par ce cataclysme. Appelé au front, son père en est revenu transformé, prenant sa gouvernante comme maîtresse et l'installant à domicile. Blessure originelle, triple trahison – de son père, de sa mère passive et de sa gouvernante –, cette histoire qu'elle a racontée pour la première fois dans une vidéo réalisée pour sa rétrospective au Musée d'art moderne de New York (MoMA), en 1982, cimente son œuvre. Elle est au cœur de ce film qui intègre subtilement de curieuses images d'archives où une troupe de mutilés de guerre s'adonne à une joyeuse chorégraphie sur fond de chansons de l'époque.
Mais cette histoire est aussi celle d'une prise de pouvoir sur le monde, qui commence par une prise de pouvoir sur soi. Arrivée à New York en 1938, où elle a suivi son mari, l'historien de l'art américain Robert Goldwater, et fréquenté les surréalistes en exil, Louise Bourgeois s'est mise à la sculpture sur le tard, pour tuer l'ennui de ses journées passées seule à la maison.
Sa reconnaissance fut tout aussi tardive, au cours des années 1970, quand elle avait 60 ans révolus et que son travail, après avoir longtemps été occulté par la vague de l'art abstrait, commençait à intéresser critiques et galeristes.
Isabelle Regnier