Gia Carangi en YSL Rive Gauche, photographiée par Helmut Newton pour Vogue Paris, 1979 |
Photographie Helmut Newton, rue Aubriot, 1975, le tailleur-pantalon Yves Saint Laurent. En sortant la mode du studio, Newton a révolutionné le genre. |
Photographie Helmut Newton, rue Aubriot, 1975 |
Malheureusement la mégalomanie du designer ne s'arrête pas là. Un article de Pierre Groppo annonce sur le site de Vogue Paris « Hedi Slimane réinvente l'esprit couture d'Yves Saint Laurent ». L'entrée en matière est dithyrambique : « C’est au cœur de la Rive Gauche, dans un hôtel particulier du XVIIe siècle entièrement rénové et décoré par Hedi Slimane que seront installés les ateliers « Flou » et « Tailleur ». Une proposition pur luxe, numérotée et signée du légendaire logotype de Cassandre ». Tout un programme richement illustré par un diaporama signé Hedi Slimane naturellement.
La première photographie semble être un autoportrait. Elle révèle à merveille la personnalité du designer : on le voit dans une pièce glaciale fraîchement rénovée de l'hôtel de Sénecterre, il baisse la tête et semble observer son nombril, une occupation qui doit lui prendre beaucoup de temps. Les autres photographies présentent la fameuse « réinvention de l'esprit couture d'YSL » à travers des clichés imitant l'univers d'Helmut Newton. Une fois de plus, Slimane copie gauchement une esthétique et la vide de son sens. Tout l'esprit de Newton a disparu. Son humour, son érotisme, sa sensualité sont absents. Les clichés de Slimane présentent des mannequins sans forme comme des petits soldats de plomb désenchantés, plantés dans la nouvelle maison de couture du 24, rue de l'Université. Un décor riche et austère situé dans l'hôtel de Sénecterre, monument historique construit par Thomas Gobert, architecte et ingénieur pour le Roi Soleil.
L'austérité ne concerne pas uniquement le décor, les vêtements sont également tristes à mourir. Le tailleur-pantalon et le fameux smoking d'Yves Saint Laurent ont été slimanisés. Une coupe au scalpel efface le corps de la femme. Des jeunes filles au regard absent sont juchées sur des talons aiguilles droites comme des i avec des jambes en forme de bâton. Les quelques robes présentées ne ressemblent à rien. On ajoute ici ou là un nœud autour du cou pour faire semblant d'habiller une femme. Bref c'est pathétique. Tout le monde se pâme devant le génie rock 'n' roll de la mode mais le travail de Slimane n'est que rigidité et prétention. Il n'a fait preuve d'aucune créativité concernant le vestiaire féminin et semble renier le corps des femmes. Il manque deux qualités majeures à Slimane pour être un bon créateur : l'inspiration et la grâce.Yves Saint Laurent disait : « Rien n'est plus beau qu'un corps nu. Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme ce sont les bras de l'homme qu'elle aime. Mais pour celles qui n'ont pas eu la chance de trouver ce bonheur, je suis là ». Yves Saint Laurent sublimait la femme en empruntant au vestiaire masculin sans effacer la féminité. Slimane transforme la femme en grotesque pantin désincarné. Il ne s'est pas contenté d'amocher le nom de la maison Yves Saint Laurent, il a tué son âme. Hedi Slimane n'aime que Slimane. Il incarne la toute puissance de l'argent dénuée de talent. Il plagie grossièrement le passé en voulant faire passer du prêt-à-porter pour de la haute couture, une appellation juridiquement protégée que la maison avait perdue après les adieux d'Yves Saint Laurent en 2002. Que Slimane crée une marque à son nom plutôt que de salir celui des autres.
Photographie Hedi Slimane, Saint Laurent Paris, campagne "24, rue de l'Université", juin 2015 |
L'express : Hedi Slimane lance une ligne privée "couture" chez Saint Laurent
The Independent : Is Saint Laurent creative director Hedi Slimane dishonouring the great man's legacy ?